Par Allal Bekkaï

Dans le sillage de la suspension de la protection policière des représentations diplomatiques françaises implantées en Algérie, une mesure dictée par le principe de réciprocité, le dispositif de sécurité déployé devant l’institut français de Tlemcen sis à la rue Cdt Djaber, a été levé, avons-nous constaté lors de notre passage ce jeudi devant l’ex-CCF.
L’agent de police qui était de faction a disparu du décor, ainsi que le véhicule Patrol 4×4 de la BMPJ qui stationnait à cet effet devant le café du musée. Auparavant, le stationnement était formellement interdit dans le périmètre de l’établissement.
Ce jeudi, des voitures étaient garées devant l’institut ; nous avons même vu un engin (case) sur les lieux. La guérite bleue trône toujours à l’entrée de la venelle du musée ; ce poste de guet n’a pas été encore démantelé.
A noter que l’annexe de l’IFT abritant le département de langue (Campus France) situé à la rue Tidjani Damerdji (ex-rue de Paris) ne jouissait pas pour sa part d’une protection policière.
Signalons dans ce sillage que l’IFT ne compte pas parmi son personnel des expatriés, mis à part le directeur, ainsi que son annexe de Bab el Hdid, croit-on savoir. L’accès au centre est soumis à un contrôle strict par SAS (scanner), une mesure de sécurité instaurée, lors de sa réouverture en 2006 (après avoir fermé ses portes à la suite de la prise d’otages par des terroristes du GIA à bord d’un avion Airbus d’Air France à l’aéroport Houari Boumediene un 26 décembre 1994 .
Du fait de son caractère d’opérateur du ministère chargé des Affaires Etrangères et du ministère chargé de la Culture pour l’action culturelle, l’IFT dépend juridiquement de l’Ambassade de France à Alger et jouit de ce fait du statut d’extraterritorialité (droit intangible d’inviolabilité de son enceinte). Le 02 février 2006, Hubert Colin de Verdière, l’ambassadeur de France en Algérie, effectua une visite de travail à Tlemcen pour donner le coup d’envoi de la restauration du centre culturel français qui devait être inauguré sous un nouveau look après 12 ans de fermeture, c’est-à-dire rouvert officiellement, un 19 du mois de septembre 2006.
C’est M. David Queinnec (12è directeur) qui assura les conditions de sa réouverture. Il faut souligner dans ce contexte que suite aux attentats de Paris (novembre 2015), l’ambassadeur de France en Algérie de l’époque, Bernard Emié, avait demandé aux autorités algériennes de renforcer la sécurité autour des sites français, notamment les écoles et les instituts dans un message «warning » adressé à ses compatriotes, vivant en Algérie via le site de l’ambassade de France à Alger. Rappelons que la dernière visite d’un ambassadeur français à Tlemcen, en l’occurrence Xavier Driencourt, remonte au 30 janvier dernier(2018) ; accompagné du Consul général de France à Oran Christophe Jean, le diplomate avait animé un point de presse au sein de l’IFT. Il convient de rappeler que l’ex-chef d’Etat français François Hollande avait effectué le 20 décembre 2012 une visite officielle à Tlemcen ; il était accompagné du président de la République Abdelaziz Bouteflika.
Notons par ailleurs, qu’une petite diaspora française est établie sur le sol de la cité des Zianides. Parmi cette communauté restreinte l’ex-archevêque émérite d’Alger, Mgr Henri Tessier, qui «officie» au monastère St Benoit de Birouana en qualité de président de l’association Dar Es Salam, le père Gérard du presbytère de Ghazaouet, les 03 sœurs missionnaires (de Notre Dame des Apôtres en Algérie), Bernadette Laengy (Française), Marie Claude Sohier (idem) et Flora Ferrario (Italienne), résidant à Hennaya (ex-Eugène Etienne),René Mirande (fermier à Kiffane au lieudit Aïn el Kelb), Francis Segura (ancien enseignant au centre technique de Sidi Chaker), Lucienne Garigue (employée), Mme Benzaken (au foyer), Mimi la Française de Chetouane, l’ex-Negrier (idem), le Pr. Kajuma Mulengui (directeur du laboratoire Cosna)…La culture du vivre-ensemble qui est bien ancrée à Tlemcen n’est pas un vain mot, ni une vue de l’esprit.
A souligner que l’abbé Alfred Berrenguer, l’Algérien humaniste, l’ami de la Révolution algérienne, repose en paix au cimetière chrétien d’El Qalaâ inférieure(Tlemcen), où il fut enterré en 1996 suivant son vœu. Il faut savoir que le CCF de Tlemcen dont le premier directeur fut Garcia Raymond était dans les années 60 une annexe du CCF d’Oran.
L’institut français de Tlemcen est dirigé actuellement par M. François Maugrenier, soit le 15è directeur depuis la création du CCF (1960). Outre son siège, l’IFT utilise, faut-il le souligner, d’autres espaces pour ses activités culturelles, à l’instar de la librairie Alili, la salle des fêtes Bouali, l’hôtel Renaissance, l’hôtel Agadir, la Maison de la Culture, l’auditorium du centre-ville…