Les 76 centres de torture ouverts par l’armée française dans la wilaya de Mascara après le déclenchement de la Révolution du 1er novembre témoignent à ce jour de la politique barbare et inhumaine du colonialisme à l’encontre de la population algérienne.
Les méthodes monstrueuses utilisées par les tortionnaires français contre les Algériens dans ces centres constituaient une violation des droits humains et des conventions internationales.
La torture a été pratiquée à grande échelle par l’armée d’occupation. Elle visait à instaurer un climat de terreur et à briser l’adhésion et l’implication de la population dans la lutte contre un système colonial inhumain et oppressif.
Les témoignages des moudjahidine, qui ont vécu dans leur chair cette terreur, démontrent à plus d’un titre la barbarie dont a fait l’objet la population algérienne. Le centre de torture de la ville de Mascara, connu sous l’appellation de “Dar El Hamra”, est l’un des pires de la wilaya, rappellent les responsables du Musée local du Moudjahid, indiquant qu’il s’agissait d’une ancienne ferme exploitée par un colon, transformée en centre de torture en 1959. Le centre pouvait abriter jusqu’à 40 cellules. “Ce sinistre centre était réputé pour l’usage de la gégène, du supplice de l’eau mélangée au savon, les brûlures au chalumeau et autres violences commises avant que le détenu ne succombe à ces pratiques ou soit froidement exécuté”, a-t-on expliqué, précisant que les dépouilles étaient ensuite jetées dans des puits.
Au centre de torture “Nigo”, établi en 1956 entre les communes de Matmor et Sidi Boussaïd, les mêmes atrocités étaient pratiquées. “Dans ce centre, conçu pour accueillir 300 détenus, les forces coloniales recouraient pour faire parler leurs victimes à la gégène, aux supplices de la roue et autres atrocités, qui se terminaient en général par des assassinats”.
Le centre de torture “Colin Paul”, implanté dans la ville de Sig (Nord de la wilaya de Mascara), était aussi connu comme l’un des lieux les plus sinistres de la colonisation française. Outre les séances interminables de torture, le centre, créé en 1957 pour accueillir une moyenne de 100 détenus, est également réputé pour être un haut lieu de sévices barbares. Des détenus étaient enterrés dans des fosses et abandonnés sans eau ni nourriture durant plusieurs jours et parfois jusqu’à ce que mort s’en suive.
Le témoignage du défunt moudjahid, Adda Berkane Mokhtar, disparu il y a quatre ans, a été recueilli par le responsable du Musée du Moudjahid de Mascara. Il retrace toutes les tortures subies par ce natif de la commune de Maoussa.
Le moudjahid avait rejoint les rangs de l’ALN dans la zone 6 de la wilaya V historique en 1956. Blessé au cours d’une bataille, il a été détenu dans un centre militaire de Saïda où il a connu les pires tortures, dont la gégène. Transféré à la prison d’Oran, il a une nouvelle fois fait l’objet de traitements inhumains et barbares avant sa condamnation à mort. Cette sentence n’a pas été exécutée.
Le moudjahid Touiza Mohamed, décédé en 2019, avait subi le même sort. Le moudjahid, né en 1937 à Sig, avait rejoint les rangs de la Révolution en 1956 en qualité de Fidaï dans la ville d’Oran. Arrêté en 1960, il subit au “2ème bureau” de la ville de Mohamadia, les pires torture et sévices. Il a également été condamné à mort en 1961.
Aujourd’hui, les centres de torture de Mascara témoignent d’un passé douloureux de la présence coloniale française en Algérie, dans lesquels les Algériens, qui se sont soulevés pour réclamer leur droit légitime à la liberté, ont vécu les pires atrocités.
Pour perpétuer la mémoire de ceux qui se sont sacrifiés pour l’Indépendance de l’Algérie, des visites sont organisées périodiquement lors des fêtes nationales et autres occasions commémoratives, au profit des jeunes et élèves de différents cycles scolaires.
Témoins de la politique inhumaine du colonialisme français
Les 76 centres de torture de Mascara