J.M

La situation sécuritaire du pays s’est beaucoup améliorée depuis quelques années. Grâce aux efforts fournis par l’Etat, la police et la gendarmerie couvrent de plus en plus de quartier et de bourgs afin d’instaurer la rigueur et veiller sur la protection des biens et des personnes. Mais cela n’empêche que des malfrats continuent de sévir créant parfois la psychose dans le milieu urbain. Des bandes organisées munies de tous les types d’armes blanches imposent leur loi, leurs caïds se permettent de tout faire. Dans des villages isolés, ces gangs créent autour d’eux un petit royaume au point d’interdire aux gens de sortir de chez eux, quand cela leur chante. A Oran ce phénomène est très répondu, dans des quartiers de la périphérie, du côté de Sidi El Bachir, Chteïbo, Sidi Chami et El Hassi, mais on retrouve aussi cette mafia qui tient tête parfois à la police et a gendarmerie même en milieu urbain dans les quartiers populaires et dit chauds à l’exemple d’Eckmühl, El Derb, Cavignac et Belgaid suite aux opérations de relogements. Face à ces bandes criminelles, la police et la gendarmerie algériennes se dressent en de véritables murailles dont les plans sont quasi infaillibles. Juridiquement parlant, le Président Tebboune avait appelé il y a quelques semaines à une véritable prise en charge de ce phénomène en cernant les bandes mafieuses dans les cités. C’est chose faite, puisque les membres de l’Assemblée populaire nationale (APN) ont adopté jeudi le projet de loi relatif à la prévention et à la lutte contre les bandes de quartiers. Le vote s’est déroulé sans débat lors d’une plénière présidée par le président de l’APN, Slimane Chenine et ce après la présentation du projet de loi par la ministre des relations avec le Parlement, Basma Azouar. Le texte de loi propose “une peine allant de 2 jusqu’à 20 ans de prison ou à la perpétuité en cas de décès (de victimes) contre ces bandes de quartiers”.

Bande de quartier, bande de malfrats

Selon le projet de loi, est considéré comme une “bande de quartiers”, “tout groupe, sous quelque dénomination que ce soit, composé de deux personnes ou plus, appartenant à un ou à plusieurs quartiers d’habitation, qui commet un acte ou plus dans le but de créer un climat d’insécurité, à l’intérieur des quartiers ou dans tout autre espace, ou dans le but d’en assurer le contrôle, en usant de violences morales ou physiques, exercées à l’égard des tiers, en mettant en danger leur vie, leurs libertés ou leur sécurité ou en portant atteinte à leurs biens, avec port ou utilisation d’armes blanches”. Selon le texte, la violence morale “comprend toute agression verbale susceptible de causer la crainte ou la terreur chez autrui, telles que la menace, l’injure, la diffamation, la terreur ou la privation d’un droit”.

Gare aux membres des gangs mafieux

Le cinquième chapitre comportant les dispositions pénales stipule qu’il “est passible d’une peine d’emprisonnement de trois (3) ans à dix (10) ans et d’une amende de 300.000 DA à 1.000.000 DA, quiconque crée ou organise une bande de quartier, s’enrôle ou participe sous quelque forme que ce soit dans une bande de quartier, tout en connaissant son objectif, recrute une ou plusieurs personnes pour le compte d’une bande de quartier”. “Est puni d’un emprisonnement de dix (10) ans à vingt (20) ans et d’une amende de 1.000.000 DA à 2.000.000 DA, quiconque dirige une bande de quartier ou y exerce un commandement quelconque”. “La peine est la réclusion criminelle à perpétuité si la rixe, la rébellion ou la réunion a entraîné la mort d’une personne autre que les membres de la bande”. “Si au cours de la rixe, rébellion ou réunion prévue dans le présent article, il est porté des coups et fait des blessures, la peine est l’emprisonnement de deux (2) ans à sept (7) ans et l’amende de 200.000 DA à 700.000 DA. Le minimum de la peine prévue au premier alinéa du présent article, est porté au double si la rixe, la rébellion ou la réunion se produit de nuit”. “Il est puni aussi d’un emprisonnement de deux (2) ans à cinq (5) ans et d’une amende de 200.000 DA à 500.000 DA, quiconque encourage ou finance, sciemment, par tout moyen une bande de quartiers ou en diffuse les idées, directement ou indirectement, fournit à un ou plusieurs membres d’une bande de quartiers un lieu de réunion ou d’hébergement, cache, sciemment, un membre d’une bande de quartier en sachant qu’il a commis un des crimes prévus dans l’ordonnance ou qu’il est recherché par les autorités judiciaires, ou qui entrave sciemment l’arrestation d’un membre d’une bande de quartiers ou l’aide à se cacher ou à prendre la fuite”.

Création d’une commission nationale de prévention contre le phénomène

Au titre des mécanismes de prévention contre les bandes de quartiers, il est prévu “la création d’une commission nationale de prévention contre les bandes de quartiers qui sera chargée de soumettre au président de la république et de présenter au gouvernement, un rapport annuel outre la commission de wilaya de prévention contre les bandes de quartiers qui sera chargée notamment de mettre en œuvre la stratégie nationale de prévention contre ce phénomène, au niveau local, de détecter de manière précoce ces activités et d’alerter les autorités concernées”. Le texte prévoit par ailleurs “la protection des victimes des bandes de quartiers à travers une prise en charge sanitaire, psychologique et sociale garantissant leur sécurité, leur intégrité physique et psychologique et leur dignité, et la facilitation de leur recours à la justice”.