A.Sahraoui
Il a fallu attendre près de dix mois, pour qu’enfin les restrictions et les mesures de préventions et de lutte contre la propagation du coronavirus covid19, soient levées pour les transporteurs de l’inter-wilaya. Durant toute cette période de cessation d’activités, les transporteurs ont à maintes reprises sollicitées, les pouvoirs publics à lever ces restrictions et leur permettre de reprendre le volant. Les hautes autorités, bien que compatissantes avec cette corporation, ne pouvaient céder et répondre à leurs doléances, sans l’avis préalable de la commission sanitaire, s’agissant de garantir le bienêtre et la prévention de la santé des citoyens usagers de ce mode de transport. Cette dernière, pour l’intérêt de la santé du citoyen, ne pouvait à son tour prendre le risque de voir la propagation prendre une dimension plus dramatique, par le fait des déplacements des citoyens d’une wilaya où le virus est encore actif vers une autre wilaya vierge de toute contamination. Cette ténacité de maintenir les restrictions, aura finalement donné raison aux décideurs, qui voient aujourd’hui, le taux de contaminations se réduire au fil des jours. Cette amélioration de la situation, a donc permis aux instances suprêmes de l’Etat, de lever ces restrictions, avec la condition du strict respect du protocole sanitaire. Dès l’annonce de la directive du premier ministre, les transporteurs, ont rejoint leurs zones de transport.
La reprise à un goût d’inachevé pour les taxieurs
Ainsi, les stations de taxis de l’USTO et de la cité Djamel des lignes inter-wilayas, ont affiché un faible flux de voyageurs. « Les retrouvailles, après une longue absence, entre collègues, était une source de motivation, pour la continuité du travail », nous avoue un chauffeur de taxi. La nouvelle de la reprise, a aussi été bien accueillie par les voyageurs, qui attendaient de prendre enfin les cars ou les taxis, pour pouvoir se déplacer. Toutefois, pour les transporteurs, la joie a comme un goût d’inachevé à cause des nouvelles conditions, prises par les autorités locales, en réduisant à 50% leurs capacités d’accueils, par exemple les véhicules qui ont une capacité de sept (07) places, ne pourront pas transporter plus de cinq (05) personnes, ceux qui ont la capacité de cinq (05) places ne pourront prendre au-delà de quatre (04) personnes. Les taxieurs, qui s’attendaient à voir, un rush des voyageurs, ont été déçus par le faible flux des citoyens. La première semaine de la reprise, n’a pas connus un très grand flux des voyageurs, « certainement pour cause de mauvaises conditions météorologiques, qui ont contraint un grand nombre de voyageurs à reporter leurs voyages » se consolaient les taxieurs présents dans les stations officielles, en guettant toute arrivée et en espérant que ce soit le bon client.
Contre mauvaise fortune bon cœur
Contre mauvaise fortune, les conducteurs faisaient bon cœur, en nous avouant que « ce n’est pas ce que nous espérions réellement, mais c’est une opportunité que nous devrions accepter bon gré mal gré. Nous avons des familles à entretenir malgré les conditions imposées par les hautes autorités du pays. Certes la santé passe avant tout et en attendant que la situation sanitaire s’améliore davantage, nous ferons en sorte de nous contenter de ce que nous avons, même si ce n’est pas l’idéale » conclue-t-ils, avant que chacun d’eux n’aille rejoindre son véhicule, les yeux braqués vers tout client, qui franchissait l’entrée de la station.
Un nombre restreint de cars dans les quais d’El Bahia
« La cadence des voyages est au ralenti » nous souffla Mr Menaouri Habib, propriétaire d’un car, avant de nous balancer « certes nous sommes heureux de reprendre du service, après des mois de disettes, mais les mesures de préventions, nous privent d’un certain gain. Nous tournons avec seulement 50 % de nos capacités et cela n’est pas pour arranger nos activités. Aujourd’hui, les voyageurs, se font rares, par crainte du covid 19. Il est arrivé, qu’un car, quitte le quai avec seulement, trois voyageurs à bord, pour parcourir des centaines de kilomètres. Ajoutez à cela, le prix du mazout » et de nous poser la question « SVP dites-moi comment peut-on continuer à travailler ainsi pratiquement à pertes ? » comme pour extérioriser sa déception, il reprit « savez-vous que j’ai perdu, tous mes chauffeurs et receveurs, ils avaient besoin de travailler pour subvenir aux besoins de leurs familles, je les comprends. Certes, j’ai continué à les payer pendant six mois, après la cessation des activités, mais faute de revenus, je n’ai pas pu aller plus loin que ça. Aujourd’hui, je travaille avec mes enfants.» Mr Menaouri Habib, conclura « Prions Allah, pour que le coronavirus quitte notre pays ainsi que toute la terre, afin que les gens retrouvent une vie normale et saine et puissent travailler et voyager sans crainte, comme ce fut avant » Cette situation de ralenti, a mis le mental des propriétaires et des chauffeurs des cars/bus, desservant les lignes inter-wilayas, à rudes épreuves et cela est perceptibles dans leur comportement. La nervosité devient plus visible, chez les conducteurs, quand l’heure du départ approche car, ils sont tenus à respecter le timing des départs, même si le car est vide ou pas plein du tout. La gare routière d’El Bahia, fonctionne actuellement à 10% de ses capacités et en attendant qu’elle retrouve son rythme de croisière d’antan où elle enregistrait quotidiennement près de 1600 départs de ses quais, elle continue à fonctionner de 03H00 du matin, pour la réception des voyageurs venants des wilayas lointaines, jusqu’à 19Heures, confinement oblige.
Durant les 283 jours d’arrêt, les agents de l’hygiène ont continué à travailler
Au niveau de la gare routière d’El Bahia, le délégué de l’Agence, Mr Riahi Noureddine, nous confia que « au niveau de la gare routière d’El Bahia, qui emploie un total de cent employés, tout corps confondu, a traversé une période difficile. Toutefois, il est à remercier le patron de la Sarl SOGEGAR, qui malgré la crise financière, causée par le confinement et l’arrêt de toute activité, n’a pas pour autant laisser tomber ces employés puisqu’il a continué à verser (50% )de leurs salaires ».avant d’ajouter « Il est à savoir qu’au niveau de l’agence, le service d’hygiène, n’a pas cessé de travailler durant toute la durée de cessation d’activité soit un total de 283 jours et les mesures de prévention contre le covid 19, ont été quotidiennement respecté par le personnel. Le 02 janvier dernier, après l’autorisation de reprise des activités, annoncée par Monsieur le ministre, que nous remercions au passage, pour cette décision, tous les travailleurs, étaient présents à leur poste » le délégué a tenu à préciser, que « Cette cessation d’activité, a beaucoup plus profité aux taxieurs-clandestins, qui dépouillaient les pauvres voyageurs, en triplant ou en quadruplant les prix des destinations, comme par exemple, le prix officiel du billet, au niveau de l’agence El Bahia, pour Constantine est de 1.400 D.A, les clandestins exigeaient entre 6000 D.A ou 7000 D.A la place, pour Alger c’est 800.D.A, la place alors les informels demandaient 3000 D.A, par personne et ainsi de suite pour les autres destinations. Le comble c’est que les clandestins, qui étaient par dizaines, activaient sans aucune gêne, tout juste derrière les murs de notre agence, au vu et au su de tout le monde » abordant, le volet sanitaire, Mr Riahi, nous avoua, que « depuis la reprise, nos agents, ont redoublé leurs efforts et leurs vigilance, par l’application strict des mesures de prévention et de lutte contre la propagation du covid 19, envers les voyageurs, comme le port obligatoire de la bavette dans les halles de réservations / attentes. Pour ceux qui n’en ont pas, l’agence leur offre une gratuitement. Avant d’embarquer, ils sont obligés de se rincer les mains avec du gel et de passer sous l’appareil détecteur de fièvre. A l’intérieur des cars/bus, les voyageurs, sont tenus de s’assoir, selon les indications sur les sièges, tout en continuant à porter leurs bavettes, le long du trajet ». Notre interlocuteur a précisé que « Dieu merci, depuis la reprise, à aujourd’hui, aucun cas de covid 19, n’a été détecté, au niveau de notre agence. Ni chez les voyageurs, ni chez notre personnel »