M. Degui

Hormis l’eau et l’électricité, le village de Tizi, relevant de la commune d’Aïn Fezza, manque de tout. Ce bourg n’a pas bénéficié d’un quelconque projet d’envergure pour améliorer le quotidien de ses habitants. Les quelques actions entreprises, comme le récent aménagement de l’aire de jeu du village en tuf ont été mal vues dans ce village qui patauge dans la boue et les ordures. Pour les villageois, il ne s’agit de que la poudre aux yeux. Leurs aspirations sont ailleurs.Situé à quelque huit kilomètres du chef-lieu de la commune d’Ain Fezza, le bourg de Tizi est considéré comme un véritable village martyr. Il compte de nombreux chouhada comme les Benmostefa , Benabdallah, Gaid et autres. Les moudjahidine qui ont pris part au combat libérateur sont également nombreux. Ils témoignent des affres vécus par la population. « Notre village a été évacué à plusieurs reprises pendant la guerre de libération nationale. Tizi a été présente pendant tout le combat armé. Sa participation a été très active » soulignent avec fierté ses habitants.Tizi mérite un bien meilleur sort, mais hélas, le village donne l’impression d’être littéralement abandonné et laissé en marge du processus de développement que connaît de puis des décennies la wilaya de Tlemcen. Un villageois, la quarantaine bien entamée, ne se rappelle pas que son village ait bénéficié d’un quelconque projet de développement consistant. « C’est avec nos propres moyens que nous avons réalisé, vers la fin des années 1980, les réseaux assainissement et d’AEP de notre village », affirme-t-il. Ces réseaux, vieux d’une trentaine d’années, sont devenus vétustes. « Il n’est pas étonnant que ces réseaux éclatent le plus souvent. C’est ce qui explique cette situation que nous vivons au quotidien, celle d’un village noyé dans les eaux usés », ajoute un autre habitant.Les ordures et les odeurs nauséabondes font partie de l’environnement immédiat des villageois. « J’ai signalé le problème à maintes reprises concernant un égout qui déverse les eaux usées à ciel ouvert. Mais en vain », se plaint un citoyen dont l’habitation est située à proximité d’une canalisation éventrée dont les eaux débordent à longueur d’année sur la chaussé. « Cette situation perdure depuis plus de deux ans déjà », ajoute-t-il. Le cas de ce malheureux habitant est partagé par d’autres, aux quatre coins du village. Pour ces habitants, le réseau assainissement est à refaire, tout comme les réseaux d’adduction d’eau potable qui ne résistent plus à la pression de l’eau provenant du barrage qui alimente le village depuis des années.Les problèmes que vivent les habitants de Tizi sont nombreux et empoisonnent leur vie quotidienne, comme le ramassage des ordures non assuré depuis des mois et qui fait que les décharges sauvages se multiplient à vue d’œil ou encore le transport scolaire inexistant qui fait que les parents d’élèves doivent recourir aux transporteurs privés pour les déplacements de leurs progénitures vers leurs écoles respectives. A la longue, la facture s’allonge et les dépenses difficiles à honorer.

On se débrouille comme on peut

A Tizi, ses habitants déclarent qu’ils se débrouillent comme ils peuvent et en fonction de leurs moyens fort limités. Leur « décor » quotidien est guère reluisant, face au manque d’intérêt des autorités locales voire de leur indifférence. La piste, pour ne dire la route, menant au village est complètement défoncé. Les automobilistes évitent Tizi. Les plus intrépides doivent faire attention, rouler lentement pour ne pas endommager leurs véhicules.« Tizi, un village oublié » est l’expression qui sied le plus pour décrire la situation dans lequel se trouvent les lieux, au grand désarroi de ses 800 habitants dont la plupart sont des jeunes. Ces derniers ne disposent que de cette aire de jeu récemment aménagée pour leur servir de lieu de loisir et de distraction. Aucun autre moyen destiné à cette frange n’existe : ni maison de jeunes, ni foyer. L’idée de réaliser une salle de spectacle, une bibliothèque ou un autre espace pour les jeunes est tout simplement chimérique. Elle ne figure même pas dans leurs rêves les plus fous.Le village souffre du manque d’infrastructures de base. La seule école ouverte a été construite il y a des années. Elle se trouve dans un état déplorable. Pas de salle d’infirmerie pour assurer les premiers soins à la population. Pourtant, une bâtisse devant l’abriter existe depuis une dizaine d’années. Non équipée en moyens matériels et en personnels, le local est aujourd’hui complètement abandonné. Il sert de refuge aux chiens errants qui constituent une véritable menace pour les passants. Tizi garde toujours en mémoire le cas de ce malheureux villageois emporté, il y a quelques années, par la rage après avoir été mordu par un chien.Pour seuls moyens de loisir restent le café du village où se refugient les jeunes durant l’hiver ou encore l’oued qui permet à certains de taquiner les rares poissons dans l’espoir de faire une pêche intéressante.A Tizi, le temps s’écoule lentement. Les jours passent et se ressemblent sans qu’aucune amélioration ne vienne bouleverser le quotidien de ses habitants. Ceux-ci prennent en patience leur mal en attendant que les autorités concernées daignent enfin bouger…