M. Hamouche
Juste à la sortie de la trémie du lycée Lotfi d’Oran et face à la station de services de la rue Max Marchand, un petit magasin retient l’attention. Il s’agit d’un local tenu par l’un des bouquinistes les plus connus d’Oran, le jeune Salim, alias Simo. L’échoppe porte fièrement le nom du « Livre de sable », une référence au recueil éponyme de l’Argentin Jorge Luis Borges. En poussant la porte pour accéder au lieu, le visiteur est agréablement surpris par le nombre considérable d’ouvrages proposés à la vente ou à être échangés contre d’autres titres. Les rayons qui ceinturent les murs sont chargés à craquer de titres et de livres en tous genres : littérature, romans, policiers, essais, livres religieux, poésie, dictionnaires, revues et parfois des bandes dessinées. On y trouve de tout, en arabe, en français, en anglais et à des prix ne dépassant pas les 700 dinars pour les titres les plus récents et en bon état. Le jeune Salim est toujours là à répondre à toutes les demandes de sa clientèle. Entre le livre et Simo existe une forte relation fusionnelle. Le bouquiniste a longtemps écumé les rues de Sidi Bel-Abbès, où il proposait des années durant des livres d’occasion aux passants. Il s’est ensuite installé, ces dernières années à Oran, pour ouvrir ce petit magasin, un véritable havre de paix et un paradis pour les férus des bonnes lettres. Quand Salim n’est pas plongé dans la lecture d’un livre, vous le trouverez en pleine discussion avec un client assidu, un ami de passage ou un simple curieux venu découvrir ce lieu « inhabituel ». Salim anime une page Facebook sous le nom du Bouquiniste de l’Ouest. Il est plus connu auprès de ses followers sous le pseudo de Simo. Cette page lui sert de passerelle avec ses centaines d’abonnés qui le sollicitent pour dénicher un titre tant recherché, passer une commande particulière ou découvrir les nouvelles acquisitions qu’il présente ou ses coups de cœur à travers des extraits et des citations d’auteurs célèbres. Salim n’est pas un simple vendeur de livres, il conseille, oriente, facilite les recherches de ceux qui sollicitent ses services et ses connaissances. Son échoppe est le lieu de rencontre toutes les tranches d’âge, hommes et femmes, en quête de cette atmosphère particulière et des odeurs enivrantes dégagées par des pages que l’on feuillette, des livres que l’on « ausculte » sous toutes les coutures avant de décider de prolonger ces moments particuliers chez soi en l’acquérant pour quelques dizaines de dinars. Salim et une poignée d’autres bouquinistes tentent vaille que vaille de ressusciter une activité qui faisait florès à Oran, où les arcades de la rue d’Arzew regorgeaient de vendeurs de livres d’occasion que l’on échangeait en contrepartie de quelques dinars. C’était le temps où le livre était roi et les nouvelles technologies relevaient de la …. science-fiction.