H.M
L’acteur français Jean Louis Trintignant est décédé vendredi à l’âge de 91 ans. Les cinéphiles algériens garderont de lui le rôle du jeune soldat déserteur qui aide un moudjahid à s’échapper d’une mort certaine et à rejoindre les combattants de l’ALN quelque part dans les maquis kabyles. La scène est tirée du film « l’opium et le bâton » d’Ahmed Rachedi, adapté du roman éponyme de Mouloud Mameri. Le défunt acteur donnait la réplique à un autre géant du grand écran national, Sid Ali Kouiret. Cette scène a rappelé au comédien disparu un épisode particulier de sa vie lorsqu’il avait usé de mille subterfuges pour échapper son incorporation en tant que jeune appelé pour partir à la guerre au djebel. Avec son flegme, sa voix et son magnétisme, Jean Louis Trintignant a marqué des générations entières à travers le monde non seulement pour les rôles qu’il a campé mais également à sa forte personnalité. De « Et Dieu… créa la femme », le film de Roger Vadim (1956) qui a propulsé deux jeunes débutants, Brigitte Bardot et Jean-Louis Trintignant, au rang de stars, jusqu’à « Amour », de Michael Haneke, Palme d’or en 2012, qui marque son grand retour au cinéma après dix ans d’absence, la carrière artistique de Jean-Louis Trintignant est jalonnée de films, véritables succès planétaires comme « Un homme et une femme » de Claude Lelouche, « Le conformiste » de Bernardo Bertulocci ou encore « Z », de Costa Gavras, un film tourné en Algérie en coproduction avec l’ONCIC. L’acteur interprète le rôle d’un jeune juge d’instruction qui enquête sur la mort d’un élu « gênant », victime d’un accident de la route dans un pays non identifié. Ce juge va démontrer que « Z » a été victime d’un attentat politique, orchestré par la police elle-même. Doué d’une autorité naturelle, Jean-Louis Trintignant interprète, sans élever la voix, ce magistrat aux prises avec les débuts du fascisme que le réalisateur grec Costa Gavras dénonce. « On dit toujours que les comédiens ne doivent pas faire de la politique. Mais il faut en faire, on en fait trop peu », expliquait l’acteur à la sortie du film réquisitoire. « Je suis ravi de m’engager dans un film politique », a-t-il déclaré à la presse. Né le 11 décembre 1930 à Piolenc, dans le sud de la France, ce fils d’industriel a suivi à Paris les cours de comédie de Charles Dullin, avant de débuter sur les planches en 1951. Tout au long de sa carrière, il enchaînera des films à succès côtoyant tous les réalisateurs phares du cinéma: Costa-Gavras, Claude Lelouch, Eric Rohmer, Michael Haneke, Claude Chabrol, ou Patrice Chéreau. Au total, il a tourné dans près de 120 films. Il avait quitté le cinéma après avoir reçu le César pour son rôle dans « Amour ».