Y. Zahachi

A l’instar des autres régions, Mostaganem subit de plein fouet l’envolée vertigineuse des prix des œufs, proposés à 20 dinars l’unité alors qu’une plaquette de 30 unités a atteint les 520 dinars, ce qui a poussé les consommateurs à lancer des appels pour boycotter ce produit. Les professionnels expliquent les raisons de cette hausse par l’absence d’organisation stratégique, de suivi et de contrôle sur le terrain. L’Association algérienne pour la protection et l’orientation des consommateurs (APOCE) et ses soutiens ont lancé une campagne nationale de boycott appelant tous les consommateurs à ne pas acquérir ce produit jusqu’à la baisse des prix. La même association a déclaré que les portes du dialogue sont ouvertes aux vrais producteurs pour tenir des réunions afin d’étudier le coût de production, les raisons des prix élevés et des marges bénéficiaires et le circuit commercial. Le but étant de s’entendre raisonnablement sur un prix de référence pour les œufs, qui satisfasse le producteur et le consommateur, sans le lui imposer un fait accompli de la part des courtiers du marché qui profitent illégalement de la situation. L’APOCE a constaté avec inquiétude, et ce depuis un certain temps, que le prix d’un œuf a grimpé jusqu’à atteindre le seuil de 20 dinars et une plaquette entière à 520 dinars. Au point de vente de l’Oravio de Bouguirat, situé centre-ville de Mostaganem, son prix est plus clément puisque la plaquette est proposée à 475 dinars. Interrogé sur cette situation, l’expert agronome et ancien responsable de l’Office régional avicole de l’Ouest (Oravio), Laâla Boukhalfa, a relevé plusieurs raisons qui expliquent cette augmentation des prix. En premier lieu, il cite le non-octroi des licences d’importation de reproducteurs avicoles s’est traduite par une chute de l’offre sur le marché de la consommation de l’œuf. Il a expliqué que la production ne dépasse pas 130.000 poules-pondeuses. Il a ensuite cité le manque de respect pour le programme d’élevage avicole a entraîné une perturbation du marché, notant qu’il était difficile pour le gouvernement de maintenir la stabilité des prix. Selon lui, cette hausse des prix était attendue et qu’il n’était pas exclu que la plaquette d’œufs pourrait atteindre les 600 dinars dans les mois prochains. Lâala Boukhalfa a rappelé que tout est lié au programme des poules-pondeuses qui sont entièrement importées, comme les poussins élevés durant 18 semaines pour produire des œufs à couver donnant des poussins destinés à devenir des poules pondeuses produisant des œufs. Dans le sillage de la hausse enregistrée au niveau de l’œuf de consommation, la même source a déclaré que, selon l’étude qu’il a menée, il s’est avéré qu’il y a un chaos complet qui règne dans la filière de la production d’œufs, car le marché national nécessite environ 360.000 poules-pondeuses, alors que leur nombre actuel ne dépasse pas les 120.000. Dans cette situation, c’est la loi de l’offre et de la demande qui s’applique, d’où le manque de production à l’origine de la hausse folle des prix de ce produit avicole de largement consommation. L’expert agronome a également attribué les raisons de cette situation à l’absence d’organisation stratégique de cette de la filière volaille ainsi qu’à l’absence de suivi et de contrôle terrain. Cet expert qui connait parfaitement le mécanisme de gestion de l’aviculture estime que, faire face à ce phénomène nécessite une étude prospective permettant d’identifier des programmes intensifs d’importation de reproducteurs avicoles pour répondre aux besoins du marché.