O.D

La saison estivale est, pour les uns, une période de repos et de villégiature, pour d’autres, elle est une opportunité pour exercer un petit métier permettant de gagner un peu d’argent et subvenir à leurs besoins. Certains investissent leurs économies dans les différentes activités commerciales temporaires. Les garages sont transformés en tout genre de commerce lucratif et les maisons louées aux estivants au prix très forts. A Marsat Ben-M’hidi, Honaïne, Sidi Ouchaa et Tafssout, et à défaut de structures d’accueil, cette pratique est généralisée. Les milliers d’estivants n’ont d’autres choix que se plier au diktat de ces « commerçants » qui leur proposent leurs services.
La majorité des estivants des wilayas du Sud-ouest du pays, notamment Adrar, Bechar, Tindouf et Nâama, se rendent au littoral de la wilaya de Tlemcen pour une durée dépassant les deux mois. De ce fait, les locations des maisons flambent et prospèrent tout comme les prix pratiqués par les restaurants, les crémeries et autres services liés .Ce qui génère un regain d’activités et crée un certain nombre d’emplois temporaires ne demandant généralement aucune qualification au préalable. Nombreux d’entre-deux sont recrutés à titre de serveur dans les crémeries, les pizzerias, les fast-foods, les cafés et les restaurants, à titre d’employés dans les hôtels , les complexes touristiques et les centres commerciaux ou comme d’agents d’hygiène et de sécurité par ces établissements .Cela n’empêche pas par ailleurs les plus « rusés » de se faire de l’argent autrement par des petits métiers, apparemment besogneux dans la forme mais très lucratifs dans le fond. Aux stations balnéaires de Marsat Ben-M’hidi, c’est la ruée des estivants ,venant des quatre coins de la région-ouest et des wilayas du Sud-ouest .Selon les statistiques de la direction du tourisme, plus de 2,5 millions d’estivants s’y sont rendus au mois de juillet et avec la fin des inscriptions universitaires ,ce nombre sera revu à la hausse au cours de ce mois d’août. C’est ainsi que plus téméraires, parmi les jeunes et les moins jeunes, ont déjà investi les lieux comme à l’accoutumée. Si les estivants se disputent la location d’un toit et les commerçants les grands locaux, les adeptes des petits métiers optent pour les petits locaux ou des garages, même situés loin des plages.
On y confectionne des produits simples, à très large consommation et à des prix abordables et concurrentiels tels le pain traditionnel, les beignets, karantika, les sandwichs, les sardines grillées et les gâteaux traditionnels pour ne citer que les plus consommés dans cette région. En été, les boulangeries à Marsat Ben-M’hidi n’arrivent pas à satisfaire la forte demande et les épiciers cèdent la baguette de pain à vingt dinars la pièce. Les gens se tournent alors vers le pain traditionnel qui se vend en très grande quantité à raison de cinquante dinars la galette. Ce créneau nécessite juste le bon sens car les vendeurs ne le confectionnent pas. Ils sont justes approvisionnés à partir des localités avoisinantes où le pain traditionnel est commandé auprès des dizaines de familles qui y trouvent là un moyen d’arrondir leurs revenus. Par contre les beignets, sous toutes formes et goûts, est confectionné sur place. Ce sont des dizaines de jeunes qui se chargent de sa vente le long des plages dans des plateaux. Certaines familles préfèrent s’en approvisionner directement auprès de la boutique pour le café ou le thé de l’après-midi. On y assiste alors à une véritable cohue et une chaine interminable tant le produit est très prisé et très accessible. Certains achètent des caisses de sardines auprès des livreurs de poissons. Dès onze heures du matin, ils installent leur barbecue et grillent ce produit sur les grandes places publiques. Là aussi, le service ne se fait pas attendre. Les premiers arrivés sont servis. Les autres doivent revenir le lendemain. C’est donc une activité informelle qui s’est installée à Marsat Ben-Mehidi, mais qui reste néanmoins un apport financier pour des centaines de familles qui y trouvent là l’unique opportunité pour améliorer leurs conditions de vie, généralement précaires. C’est une période de large consommation. Tout se vend et tous les métiers se sont mobilisés pour satisfaire les envies des uns et des autres. Même les figues de barbarie sont épluchées et revendues en quantité importante. On vous sert poliment un thé chaud à la menthe au bord de la mer et sous le parasol, accompagné d’un beignet ou d’un gâteau traditionnel par des jeunes et des moins jeunes qui sillonnent les plages. D’autres ont installé des tables le long du boulevard du front de mer, où sont vendus cacahuètes, amandes et toutes sortes de noix grillés et salés.
Le soir, c’est au tour des crêpes traditionnelles. Elles sont faites à base de miel ou de confiture. La région de M’sirda est réputée par ses préparations traditionnelles. C’est donc toute une économie d’été qui s’est installé dans les stations balnéaires et les petits métiers périodiques ont refait surface. C’est une activité temporaire et informelle mais elle permet à certains de subvenir aux besoins de leurs familles et d’autres pour survivre au vu de la cherté du niveau de vie et la paupérisation d’une large frange de notre société.