Rachid Boutlélis

Une sordide ostentation criarde du désordre urbain, orchestré benoîtement par les propriétaires de toute sorte de véhicule utilitaire, caractérise l’essentiel de l’ambiance sur une grande partie de la place du 1er novembre 1954, longeant des vespasiennes empestant l’urine et les excréments, en plein cœur de la municipalité d’Aïn El Turck. L’innommable anarchie, enfantée par une multitude de véhicules de transport public et autres fourgons conçus pour les déménagements, activant dans la légalité et/ou dans la clandestinité, qui bloquent toute la circulation automobile dans cette zone, ne semble vraisemblablement pas émouvoir quiconque. Ce prestigieux point de repère, qui est également , suprême ironie, ceinturé partiellement par de répugnantes gargotes proposant un menu du jour constitué de flan de pois chiche et d’une variété d’aliments baignant dans des sauces douteuses, le tout présenté dans des plateaux crasseux, puant le pourri, exécrablement embaumé par les odeurs pestilentielles provenant de l’urinoir, a pitoyablement basculé dans le morbide. Les altercations, qui opposent assez souvent entre eux, les propriétaires des véhicules de transport et/ou avec les usagers, devant le regard ennuyé des chiens errants, vautrés sur les trottoirs des alentours, ajoutent une touche loufoque à cette agitation insensée, frisant l’aliénation, prévalant depuis des années au sein de cette place. Toujours est-il que, selon le constat, ces lieux deviennent à la tombée du soir un territoire conquis pour les rats de morphologie impressionnante, chiens errants et chats de gouttière. En effet, les abords immédiats des gargotes, tapissés de restes d’aliments et les bacs des poubelles et cernés de sachets de détritus éventrés, d’où dégouline un liquide visqueux dégageant une puanteur insupportable, sont pris d’assaut par ces animaux nuisibles, qui font désormais partie prenante du paysage du centre ville du chef-lieu de cette daïra. « Les responsables concernés devraient désigner un endroit adéquat pour cette activité de transport, afin de libérer la voie publique dans cette zone, qui est obstruée en permanence par des fourgons de déménagement et procéder aussi à une opération d’assainissement pour tenter de redorer le blason terni de ces lieux » ont fait remarquer avec amertume des habitants, domiciliés dans les abords immédiats des lieux en question, abordés par notre journal à ce sujet « Nous ne vous disons pas le grossier vocabulaire usité par ces contrevenants, qui s’expriment à voix haute et résonnent clairement dans nos foyers. C’est inadmissible ! Il faut trouver une solution à cette atteinte au bien être des habitants » ont renchéri avec dépit nos interlocuteurs. Notons que la place faisant face aux lieux en question a été ciblée récemment par une grande opération d’aménagement à la grande satisfaction de la population et ce, après avoir, des années durant, végété dans une sordide désuétude.