K. A
Après les coups de butoir importants imposés par l’Etat aux spéculateurs sur les denrées alimentaires, ces derniers ne veulent pas lâcher prise et semble défier, à distance, les pouvoirs publics. Ainsi en est-il du sachet de lait que des groupes tapis dans l’ombre veulent en contrôler le marché, puisqu’un produit de première nécessité, très demandé et, en prime, subventionné par l’Etat. Le procédé utilisé par les spéculateurs, les intermédiaires et les commerçants sur le contrôle de la vente du lait en sachet est simple : créer une tension pour augmenter la pression sociale et contraindre l’Etat à reculer, soit en augmentant le prix soit en cédant sur la subvention. « Je n’arrive plus à retrouver le lait chez mon épicier habituel. Cela fait plus d’une semaine que mon stock de lait, mis dans le congélateur, s’épuise à vue d’œil. La seule chose à faire c’est de se lever tôt le matin et attendre chez un commerçant qui ramène le lait de Mascara ». En effet, nous avons pu constater que dès 07 heures du matin, un attroupement important d’hommes et de femmes se compose chez un épicier au niveau du quartier « Nour ». Un brouhaha indescriptible s’est levé lorsque le camion s’est arrêté. Tous veulent leur sachet de lait, même à 30 DA, puisqu’ils n’arrivent plus à le trouver. La scène est déplorable, au vue de ces vielles personnes qui se font bousculer et ces femmes qui crient à tue-tête. Au niveau du quartier Yasmine, c’est un peu plus calme. Une chaine en deux files se forme, l’une pour les hommes et l’autre pour les femmes. Le nombre des clients est important. Ce commerçant écoule le lait à 25 DA le sachet d’01 litre mais empoche 05 DA pour le prix du sachet en plastique qu’il impose avec l’achat, et ne vend que 02 litres (02 sachets) par personne. Pour les clients rencontrés ils disent qu’ils acceptent volontiers ce deal vu l’indisponibilité du lait, sauf en pack. « Je ne peux acheter le lait en pack puisque je le trouve très cher. J’ai des enfants en bas âge et je ne peux pas me passer du lait, même en piètre qualité ! » nous révélera un homme d’une trentaine d’année. Dans ce quartier très commerçant, tous les autres épiciers refusent de vendre le lait alors que leurs étals en étaient pleins lorsque le lait coutait 60 et 55 DA, selon la provenance. Questionné sur le sujet, un commerçant répondra sèchement « on y gagne rien du tout ! » traduire le commerçant s’est habitué à presque 08 DA de marge sur le litre, alors qu’après le retour de l’Etat dans les affaires, il ne prend plus que 02 DA. Même son de cloche chez les distributeurs : « en pratiquant les prix imposés par l’Etat, ma marge est réduite. Sans parler des frais induits en gasoil et en maintenance. Je ne vous cache pas que l’on s’est habitué à prendre des marges confortables. Je suis en train de chercher d’autres débouchés ! » révélera Mourad, qui avait une zone à couvrir au niveau d’Es Senia.
Selon des sources proches de la DCP (Direction de la concurrence et des prix) une vague de contrôle sera lancée incessamment pour contraindre les commerçants à vendre du lait « ce n’est pas possible, dira notre source, il s’agit d’un produit stratégique et pratiquement de service public. Le commerçant sera sensibilisé sur la chose sinon c’est le registre qui sera retiré !». Le bras de fer continue au détriment d’un citoyen qui ne sait plus comment réagir puisque pris en otage.