Rachid Boutlélis
Les mises en garde de la direction du commerce et des prix, DCP, concernant le respect des règles élémentaires en vigueur relatives à la pratique des activités commerciales, versées dans la vente d’herbes médicinales, ne semblent vraisemblablement pas être prises en considération à Oran. Suprême ironie, elles ont même tendance à basculer vers la reconversion des magasins en cabinets de consultations. Selon des sources hospitalières, plus de 60 cas d’intoxications par les plantes dites médicinales sont enregistrés chaque année à Oran. Les patients, qui se bousculent aux portes de ces prétendus cabinets médicaux, soutiennent mordicus que l’herbe naturelle « ne pourrait pas causer plus de mal ». Les dermatologues de la place d’Oran ont tiré la sonnette d’alarme pour démentir catégoriquement ce frêle argument en insistant sur les dangers enfantés par la médication anarchique aux herbes. Ils ont souligné que « 90% des plantes vendues par les herboristes ne sont pas soumises au préalable à des contrôles. La simple opération de vente de ces produits, cède peu à peu sa place à des auscultations illicites, dans le domaine de la dermatologie notamment, effectuées par des pseudos-herboristes ». Contacté par Cap Ouest à ce propos, le docteur Kamel Messaoud Nacer, spécialiste en dermatologie, installé à Oran, a souligné en substance que « le nombre effarant de personnes, qui sollicitent les conseils de ces magasins de vente des herbes naturelles et médicinales. Cependant, le plus inquiétant est que certains patients préfèrent s’adresser directement à ces pseudos guérisseurs dès que se manifeste le premier malaise et ce, sans daigner se référer à un spécialiste et encore moins de se soumettre au préalable à des analyses biologiques, grandement nécessaires pour déterminer le type de maladie qui les affecte. L’utilisation des plantes médicinales doit répondre à des normes et à des dosages stricts. Dans certains cas, les plantes peuvent être toxiques voire plus graves encore, nocives en interaction avec d’autres plantes, des médicaments ou des suppléments ». Il convient de signaler dans cette foulée que des dermatologues ont mis en garde contre la médication anarchique par le bais des herbes en notant que « chaque herbe est constitué d’une partie verte, d’une autre sèche et des racines et que chacune de ces composantes présente des aspects bénéfiques et nocifs, tout en insistant contre leur utilisation sans consultation d’un spécialiste en la matière. La médication aux herbes nécessite une connaissance suffisante sur les propriétés, les indications et les effets secondaires de ces produits. Même si certains malades préfèrent recourir aux plantes médicinales pour leurs bienfaits, ils ne doivent pas ignorer leurs méfaits et leurs complications et ne doivent surtout pas les utiliser pour le traitement de certaines affections difficiles comme les tumeurs et le psoriasis ». Ils ont également regretté « le fait que les autorités concernées ont laissé libre court à la propagation de ce genre de commerce nuisible sur tous les points». Notons aussi que des médecins spécialistes en la matière ont réitéré « l’importance du contrôle strict du commerce informel, qui surfe sur la vague des préparations à base d’herbes dites médicinales et la pullulation des centres de soins d’une prétendue médecine alternative tout en alertant sur le fait que la majorité des plantes vendues ne sont nullement soumises à des contrôles de qualité. Cette regrettable situation pourrait entraîner de fâcheuse répercussions à travers des effets retard sur le malade ».