Linda Otsmane
Quelques 20 professeurs et enseignants-chercheurs représentant 30 universités du pays ont pris part, hier, au colloque national sur l’insertion socioéconomique et professionnelle dans le contexte de vulnérabilité, thème qui s’est déroulé à la salle des conférences de la bibliothèque centrale de l’université Oran 2 Mohamed Ben Ahmed. Selon M. Miloub Ait Habbouche Wahiba, professeur à la faculté des Sciences commerciales, économie et gestion, également directrice du laboratoire de recherches appliquée à la firme, l’industrie et le Territoire (LARAFIT), cet évènement scientifique se veut une journée d’étude ayant pour objectif l’identification des groupes vulnérables, selon plusieurs dimensions, ainsi que l’évaluation des dispositifs de l’insertion socioéconomiques et professionnelle proposés aux différentes catégories de la société, à savoir le traitement de la vulnérabilité des chômeurs diplômés notamment les étudiants, la vulnérabilité des adolescents dans les établissements scolaires respectifs et celle des femmes en difficultés. A noter, en sus des professeurs qui ont animé les conférences via le mode présentiel ou par visioconférence, la participation à cette manifestation scientifique d’une quinzaine d’étudiants en doctorat affiliés à l’atelier doctoral. Une opportunité qui permettra aux chefs de projets d’évaluer leurs travaux de thèses ainsi que le taux d’avancement pour chacun d’eux. Ont également participé à la rencontre des représentants du mouvement associatif dont la FARD (Femme Algérienne Revendiquant leurs Droits), ainsi que des chercheurs du CED (Centre de Développement de l’Entreprenariat) dont l’objectif est d’assister voire d’accompagner les étudiants dans le processus de la création d’entreprises. «Vouloir agir pour réduire les vulnérabilités de certaines catégories de la population constitue un axe récurrent de l’action publique. Les situations d’échec ou de sortie du système scolaire de nos jeunes sans qualification représentent chaque année une proportion non négligeable. Toutefois, la vulnérabilité est difficile à définir tant cette notion peut s’entendre de façon différentes. De la même façon, les catégories de la population touchées par cette vulnérabilité ne renvoient nullement à un groupe social homogène et bien défini», souligne-t-on dans le colloque. Organisé dans un contexte typiquement thématique, ce colloque vise également à enclencher une réflexion sur l’importance du territoire en tant que support d’une dynamique socio- économique qui vise la réinsertion des catégories de populations dans un contexte de vulnérabilité. Il a permis d’expliciter les dispositifs d’accompagnement à la réinsertion mis en place par les pouvoirs publics de façon autonome et / ou avec l’appui des Nations Unis à travers le PNUD et aussi de la commission européenne en vue de voir leur pertinence. D’ailleurs, ce qui a été soulevé par la Pr. Sbaa Fatima Zohra de l’université d’Oran 2 qui a évoqué, lors de son intervention sur « l’enjeu de l’accompagnement des adolescents», en analysant les facteurs ayant un impact sur l’accompagnement dont celui de l’âge et de la condition sociale. A ce sujet, l’académicienne a signalé qu’il existe un problème de concept entre réussite sociale et réussite scolaire et a interpellé les chercheurs à réfléchir sur ces notions. D’après l’enseignante Graine Yasmine de l’université de Tizi Ouzou, « la vulnérabilité franchie la modernité.
Le chômage et l’échec scolaire ont crée une crise de citoyenneté. Afin de permettre à chaque individu d’exercer pleinement sa citoyenneté et renforcer l’éducation citoyenne notamment après les changements socio- économiques qui ont affecté le pays après la décennie noire qui ont fait que les mentalités sont devenus davantage rétrogrades, d’autres supports ont été mis en place comme alternatives à l’échec scolaire dont les CFPA, a-t-elle expliqué tout en insistant sur le rôle de la femme en Algérie et l’efficacité du « système de quota » promulgué par l’Etat dans le cadre de l’égalité des droits entre citoyens.
Accompagnement intellectuel
Pour sa part, la psychologue indépendante et chef du projet « Avec elles », menée par l’association FARD, a parlé de l’accompagnement psychologique des filles et femmes vulnérables qui sont victimes de la violence et ce pour une meilleure insertion dans le cadre du projet qu’elle a initié.
Selon l’intervenante, l’art thérapie a permis d’insérer quelques 178 femmes qui ont bénéficié d’un accompagnement intellectuel après leur prise en charge, qui se fait généralement suite à l’écoute individuelle avec une moyenne de 20 cas par mois durant la période du projet fixée à deux ans. « Nous avons divisé les bénéficiaires en trois groupes de 15 membres chacun, afin d’assurer une assistance efficiente et de les accompagner dans les activités programmées à cet effet.
Sur le nombre sus- indiqué, 85 femmes ont participé aux paroles thérapeutiques », dira l’interlocutrice.
Notons que le colloque a comporté cinq plénières, dont chacune est animé par trois à quarte chercheurs.
Les travaux de thèses présentés par les doctorants dans le cadre des ateliers de formation ont eu trait à la formation professionnelle continue en Algérie, l’influence des facteurs socio-économiques et des mesures d’intervention sociale sur l’insertion socio-économique des individus en situation de vulnérabilité économique et sociale ainsi que le rôle de la société civile dans la réinsertion des détenus des centres pénitentiaires dans la vie quotidienne, en évoquant comme prototype l’association «El Mostakbal (Le Futur) pour le Développement».