Wassila. B
En posant, hier, la première pierre pour la réalisation d’une usine de production de Saïdal, spécialisée dans médicaments ophtalmiques et vétérinaires à Mostaganem, le ministre de l’Industrie et de la Production pharmaceutique, Ali Aoun, donne un bon signal. Au-delà des 120 emplois directs qui seront créés par ce projet, le secteur pharmaceutique algérien affiche ses ambitions. Le groupe Saidal exporte déjà ses produits vers plusieurs pays africains. Sept ans après l’inauguration du Centre national de bioéquivalence du groupe, premier en Algérie, le groupe Saïdal poursuit son expansion en lançant récemment une unité de production d’insuline en flacon à Constantine. Le groupe Saidal compte aussi ouvrir prochainement une unité de production de médicaments à Batna. De son côté, le géant pharmaceutique Novo Nordisk a ouvert une unité d’assemblage de stylos à insuline à Boufarik. Tous ces projets ont été lancés avec une conviction: l’une des solutions durables et pérennes est sans doute la nécessité de rendre l’industrie pharmaceutique algérienne autonome et réellement productive, en lui assurant les moyens technologiques nécessaires pour pouvoir fabriquer la matière première localement. L’Etat est en train de retrouver la maîtrise de ce secteur hautement stratégique. Le défi de l’autonomie en matière de production et d’approvisionnement en principes actifs et médicaments, est un enjeu majeur de santé publique. La fabrication des molécules essentielles est une priorité. La prise de conscience dans la société des enjeux de santé publique liés à la souveraineté sanitaire est croissante. Tous les principes actifs nécessaires à la fabrication de médicaments ne doivent plus venir de l’étranger. Des incitations réglementaires attrayantes ont été mises en place pour encourager les entreprises pharmaceutiques innovantes et un investissement massif a été consenti dans la recherche. Les experts voient dans la commande publique un levier, mais soulignent aussi le renforcement de production de médicaments par les entreprises publiques à l’image de Saïdal. Le savoir-faire technologique est certes difficile à acquérir car des géants du secteur pharmaceutique du Nord font tout pour entraver la possibilité pour les pays en développement et émergents de bénéficier de partages du savoir leur permettant de produire dans un marché monopolistique. Certains géants pharmaceutiques veulent maintenir le monopole sur la production. En ce qui concerne l’approvisionnement en matières premières, les pays en développement dépendent surtout de l’Asie. Relever ce défi lié au transfert de technologies est un immense chantier lancé par l’Algérie qui dispose de grandes capacités pour produire divers spécialités médicamenteuses localement. A l’échelle africaine, les observateurs soulignent le grand intérêt que constitue la création de l’agence africaine du médicament, dont le traité de création est entré en vigueur 2021 et qui ambitionne de contribuer à la réduction de la dépendance dangereuse du continent à l’égard des produits médicaux importés.