Wassila. B

Le 37e sommet de l’Union africaine (UA) qui s’est ouvert à Addis-Abeba a été une occasion pour l’Algérie de réitérer le leitmotiv de son combat en réaffirmant haut et fort que «les problèmes africains nécessitent des solutions africaines, loin des ingérences extérieures quelles qu’elles soient». Le président Tebboune a appelé à «traiter de manière stricte et ferme les interventions extérieures qui, elles aussi, ont récemment connu une recrudescence alarmante à travers différentes formes et moyens politiques, militaires et sécuritaires». Ce constat a été dressé par le ministre des Affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf dans son intervention lors de travaux de ce sommet d’Addis-Abeba. L’Afrique ne veut plus s’aligner sur les grandes puissances, quelles qu’elles soient. Le rôle assigné à l’Afrique est évocateur de l’image qu’ont encore les grandes puissances de notre continent: leur zone d’influence. L’Afrique veut avoir un impact sur l’ordre mondial actuel. Elle ne revêt un intérêt aux yeux des grandes puissances que lorsqu’elles se retrouvent en difficulté. Pour de nombreuses grandes puissances, le continent africain n’a tout simplement pas de rôle à jouer en tant qu’acteur «majeur» au sens kantien du terme. Indifférentes aux changements, elles pensent habiter le même monde qu’autrefois. Un consensus s’est dégagé au sein de l’Union africaine sur la nécessité pour le continent d’obtenir deux sièges de représentants permanents au sein du Conseil de sécurité, en plus des deux sièges de membres non permanents réservés aux Etats africains. Or malgré ce consensus de 55 États membres, des réticences à voir l’Afrique occuper cette place ne font aucun doute. La voix de l’Afrique doit être entendue, car les grandes puissances ne veulent tout simplement pas que le continent soit fort. Les grandes puissances veulent réduire l’Afrique à une entité purement instrumentale au service de leurs causes. Elles s’efforcent le plus souvent à amener les Africains à adhérer à leur «narratif» et, in fine, à soutenir un camp contre un autre, selon une logique diplomatique utilitariste. Quand il s’agit de voter une résolution au Conseil de sécurité, le continent africain est activement sollicité d’un côté comme de l’autre. L’Afrique est alors très courtisée, voire mise sous pression par certains de ses partenaires. Ces états d’esprits et agissements qui relèvent d’une autre époque s’expriment dans un contexte historique où l’Afrique a pris conscience de sa responsabilité propre. Elle parle de plus en plus d’une seule et même voix. Le monde s’est décentré pour devenir multipolaire. Cela devrait amener les grandes puissances à changer de logiciel. En tout cas, si elles veulent continuer de nouer des partenariats d’égal à égal avec les Africains. L’Afrique attend des relations d’égalité, de respect, d’équité et de justice dans ses relations et partenariats avec le reste du monde, avec les grandes puissances, quelles qu’elles soient.