Wassila. B

L’accord stratégique qui vient d’être signé entre l’Algérie et le Qatar pour l’élevage bovin et la production de lait en poudre dans le désert algérien, confirme la volonté d’assurer l’autosuffisance alimentaire. La forte dépendance du pays vis-à-vis des importations de ce produit de large consommation a poussé les autorités à lancer un vaste projet pour produire localement la poudre de lait. Le projet sera réalisé par le géant qatari des produits laitiers Baladna en partenariat avec le Fonds algérien de l’investissement (FNI). L’accord-cadre consiste en la réalisation de fermes d’élevage intégrées de vaches laitières et de la production de lait en poudre pour un investissement de 3,5 milliards de dollars. Une société sera créée entre Baladna et le FNI. Avec la future ferme géante, l’Algérie ambitionne de maîtriser un secteur du lait qui dépend largement des importations. Produit de large consommation en Algérie, le lait présente l’un des postes importants dans la facture des importations algériennes de produits alimentaires. En 2021, l’Algérie a importé pour 600 millions de dollars de poudre de lait. Il s’agit de la création de plusieurs pôles, avec à terme 270.000 vaches pour produire 1,7 milliard de litres de lait par an visant à couvrir 50 % de sa demande en poudre de lait, de produire de la viande bovine, du fourrage, de créer des emplois dans le sud. L’Algérie, qui fait de son indépendance alimentaire une priorité, veut bâtir une production laitière intensive. Sous l’impulsion du Président Tebboune qui a annoncé lors de sa dernière entrevue avec les médias nationaux un projet de ferme laitière géante dans la wilaya d’Adrar, le projet prend forme. C’est une question de sécurité alimentaire quand on connaît l’importance du lait qui est un produit de large consommation en Algérie qui ambitionne aussi de cultiver dans le sud les graines oléagineuses pour ses usines de trituration de l’huile de table, de produire du blé dur pour couvrir ses besoins, de la betterave sucrière pour réduire sa dépendance vis-à-vis de l’étranger. En 2022, des tensions sur l’approvisionnement en poudre de lait en Algérie, nées en raison des restrictions sur les importations qui ont été décidées par les autorités pour préserver les réserves de change après la crise pétrolière de 2020 et encourager la production nationale, ont forcé les usines locales à des arrêts périodiques. La situation est ensuite revenue à la normale, mais la menace ne s’est pas dissipée pour nos usines dont le modèle économique est basé sur la production de produits laitiers sur la base de la poudre de lait importée, d’autant que le lait en sachet est un produit de large consommation en Algérie et bénéficie du soutien de l’État. Ce produit connaît de temps en temps des tensions dans la distribution qui ont conduit le gouvernement à appliquer la loi sur la spéculation qui prévoit des peines sévères contre les spéculateurs afin de stabiliser le marché. Les autorités ont également décidé d’interdire l’utilisation du lait en sachet, dont le prix est fixé administrativement à 25 dinars, dans les cafés et les restaurants, pour le réserver uniquement aux ménages.