Wassila. B

Les élections européennes ont profondément ébranlé l’Europe entière, en particulier l’Allemagne et la France. L’extrême droite a progressé quasiment partout en Europe, lors du scrutin parlementaire européen. Ce scrutin, où plus de 360 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes pour désigner 720 eurodéputés, a bien montré les vulnérabilités de l’Europe minée par les extrêmes qui sont aux portes du pouvoir. Cette poussée des partis d’extrême droite est inquiétante à plus d’un titre.
Alors que la coalition « feu tricolore » du chancelier Scholz en Allemagne a essuyé une défaite inédite, Emmanuel Macron est allé jusqu’à convoquer de nouvelles élections législatives en France en annonçant la dissolution de l’Assemblée parlementaire. Deux graves crises gouvernementales dans les plus grands États membres plongent l’UE dans une crise de survie politique. C’est un moment d’instabilité politique pour l’UE. Le glissement vers l’extrême droite indique des incertitudes plus profondes et ne devrait pas conduire à de simples conclusions politiques.
L’Europe qui vacille est en train de vivre un moment d’incertitude et d’instabilité. S’agissant du cas français – le plus grave avec le RN à 31,5% -, il a conduit Macron à annoncer la dissolution de l’Assemblée. Quoi qu’il arrive, les résultats du 7 juillet prochain vont avoir de grandes répercussions sur les politiques menées en Europe ces prochaines années. L’UE est menacée d’éclatement, car les élections ont non seulement un impact direct sur la composition du Parlement européen, mais aussi un effet indirect mais très fort sur la politique nationale des États membres.
Dans de nombreux États membres, le résultat des élections aura pour conséquence une orientation politique intérieure encore plus forte et un repli sur la défense des intérêts économiques nationaux. Le repli de la politique observée dans le monde entier depuis un certain temps menace également l’Europe. Pour l’UE, un retour aux États-nations signifierait en fin de compte la division de l’Europe. La prochaine Commission doit à nouveau renforcer l’UE dans ses fondements et formuler un programme pour la souveraineté et la compétitivité, faute de quoi l’UE risque d’être la grande perdante dans l’âpre conflit géopolitique entre les États-Unis et la Chine en cet instant de faiblesse interne. Mario Draghi présentera un rapport à ce sujet qui aura probablement un caractère programmatique pour l’agenda de la prochaine Commission. Ces dernières années, la politique européenne est devenue de plus en plus dirigiste, bureaucratique, et irréaliste. Ce ne sont pas les objectifs eux-mêmes, mais la voie suivie qui est de plus en plus perçue comme une impasse. Les préoccupations croissantes en matière d’emploi et de sécurité se heurtent à une perte de confiance de plus en plus grande dans la politique. Les tentatives des partis politiques d’expliquer qu’ils n’ont pas été en mesure de mettre en avant leurs propres politiques de manière suffisamment claire sont inconscientes d’un point de vue analytique. Les inquiétudes sont profondes et justifiées.