Wassila. B

Alors que la Commission européenne a adressé à Alger une requête pour mettre en œuvre une procédure de «règlement des différends», l’Algérie affiche une sérénité et une forte détermination à défendre sa pleine souveraineté économique. La réponse de l’Algérie aux doléances de l’UE était très attendue. Forte de sa production locale qui monte en puissance et de la diversification de ses partenariats basés sur les échanges équitables, l’Algérie a décidé de réguler ses relations, selon le principe de gagnant-gagnant. Officiellement, l’Europe se dit vouloir «engager un dialogue constructif en vue de lever les restrictions dans plusieurs secteurs allant des produits agricoles aux véhicules automobiles». Alger a répliqué, par la voix du ministre du Commerce et de la Promotion des exportations, Tayeb Zitouni. «L’Algérie est un pays souverain, qui n’a pas de dette extérieure et ne tolère point de diktat (…). L’Algérie a rationalisé l’importation et ne l’a pas arrêté, ce qui serait inconcevable (…). L’Algérie n’a pas cessé les importations, mais ce que nous produisons, nous ne l’importerons pas», a martelé le ministre à la Télévision algérienne, en marge de la 55e édition de la Foire internationale d’Alger (FIA). Bruxelles a engagé un bras de fer avec Alger, en dénonçant des « restrictions sur ses investissements et ses exportations vers l’Algérie », expliquant que l’objectif de la procédure est d’« engager un dialogue constructif en vue de lever les restrictions dans plusieurs secteurs allant des produits agricoles aux véhicules automobiles ». L’Union Européenne n’est pas contente des restrictions commerciales visant les acteurs européens, dont un système de licences d’importation, des subventions subordonnées à l’utilisation d’intrants locaux pour les constructeurs automobiles et un plafonnement de la propriété étrangère dans les entreprises importatrices. Le ministre algérien Zitouni plaide la rationalisation des importations, désormais étalonnées sur le volume de la production nationale et les besoins réels du pays. Alger s’industrialise, s’autonomise et exporte. Le ministre a donné l’exemple de l’autosuffisance en blé dur cette année, qui permet au pays de rogner de 1,2 milliard de dollars la facture d’importation. Très serein, le ministre algérien du Commerce a souligné que les importations annuelles sont évaluées à 45 milliards de dollars, dont plus de 22 milliards avec l’Union européenne. «Nous avons des partenaires avec qui nous travaillons, soit les pays avec lesquels nous avons des partenariats bilatéraux, l’Union européenne ou les espaces auxquels nous appartenons sur le plan africain ou arabe (…). L’Algérie est un pays qui fait partie de ce monde et non un village isolé. Il existe une volonté des entreprises nationales de développer la production nationale», a martelé Zitouni. En s’alignant sur le cap fixé par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, le ministre a insisté sur le fait que l’Algérie n’a pas inventé la politique de rationalisation des importations et de protection de la production locale, toutes les nations du monde le font, dont l’Union européenne, la Chine et les USA le font.