Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, M. Ahmed Attaf, a reçu, lundi à Alger, la cheffe par intérim de la Mission d’appui des Nations unies en Libye (MANUL), Stéphanie Khoury, qui effectue une visite en Algérie dans le cadre de la concertation et de la coordination entre l’Algérie et l’Organisation des Nations unies sur l’évolution et les développements de la situation en Libye. Dans une déclaration à la presse à l’issue de la rencontre, M. Attaf a indiqué que cette réunion avait constitué une “occasion pour s’enquérir des efforts et des démarches entrepris par les Nations unies pour faire avancer le processus politique en vue de résoudre la crise libyenne”. “Ces efforts et démarches bénéficient du soutien total et inconditionnel de l’Algérie, en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité et à travers ses multiples positions au sein de différents regroupements et organisations régionaux, en tête desquels l’Union africaine (UA)”, a-t-il ajouté. Après avoir réaffirmé le soutien de l’Algérie à l’ONU et sa confiance dans son aptitude et capacité à réaliser l’objectif escompté, le ministre a exprimé son regret de voir “la crise libyenne boucler, depuis quelques mois, sa treizième année. Avec sa persistance, cette crise devient de plus en plus complexe, tandis que les perspectives du règlement politique que l’Algérie n’a jamais cessé d’œuvrer à le réaliser et à le consolider avec sincérité, s’amenuisent au fur et à mesure”, a-t-il déploré. M. Attaf a expliqué que la persistance de la crise libyenne était due, en premier lieu, à l’accroissement et à la complexité des interventions étrangères dans les affaires de ce pays frère. Ainsi, a-t-il affirmé, “la solution à cette crise consiste essentiellement à écarter et à mettre fin à ces interventions, quelles que soient leurs formes ou leur fins, politiques, militaires ou sécuritaires”. En sa qualité de pays frère et voisin de la Libye, M. Attaf a réitéré l’appel de l’Algérie à toutes les parties étrangères à ne pas s’immiscer dans les affaires de la Libye et à mettre un terme aux politiques, aux pratiques et aux agissements susceptibles de semer la division et de creuser le fossé entre les enfants d’un même pays et d’une nation unie”. Dans ce contexte, le ministre a souligné que l’Algérie “demeure profondément convaincue que mettre fin à ces interventions aura un impact majeur qui permettra aux frères libyens de dépasser les tiraillements et les polarisations actuels et de trouver une plateforme consensuelle qui consacre la contribution de tout un chacun à un processus libo-libyen à même de tourner la page des différends et de mettre fin définitivement à la crise”. Pour le ministre, cette plateforme consensuelle “doit aboutir à l’organisation d’élections libres et intègres, à travers lesquelles le peuple libyen donnera la légitimité à ceux qu’il voit comme les plus compétents et les plus aptes à le représenter et à défendre ses intérêts. Des élections, a-t-il dit, qui donneront lieu à des institutions unifiées et fortes qui anéantiront tous les effets des interventions étrangères et permettront à l’Etat de Libye de retrouver son prestige et son autorité ainsi que la place naturelle qui lui sied sur la scène régionale et internationale”. Le ministre a, en outre, mis l’accent sur quatre principales priorités à l’heure actuelle, la première étant “d’éviter de faire de l’échéance électorale en Libye une fin en soi, car l’objectif demeure plus large et plus inclusif”, précisant que le succès de cette échéance “est tributaire de la progression à réaliser dans les préparatifs qui doivent être parfaitement parachevés”. Pour ce qui de la deuxième priorité, a-t-il poursuivi, il s’agit de “l’importance de maintenir l’accord de cessez-le-feu”. Après avoir salué toutes les initiatives qui privilégient le règlement de la crise libyenne, M. Attaf a mis en avant l’impératif que ces démarches “soient un prolongement et un soutien aux efforts onusiens, étant la référence qui incarne les fondements de la résolution de la crise libyenne”, en tant que troisième priorité. La quatrième priorité consiste, quant à elle, à “ne pas abandonner le projet de réconciliation nationale libyenne”, soulignant que “malgré toutes les difficultés qui entravent ce projet, celui-ci demeure d’une importance majeure, car il contribuera sans aucun doute à la cristallisation d’une base unifiée au profit de tous les Libyens, à même de les mettre à l’abri de la division et de la logique du vainqueur et du vaincu”. M. Attaf a exprimé ses remerciements pour l’attachement de l’ONU à la concertation et à la coordination avec l’Algérie, affirmant que cette dernière continuera à “appuyer les efforts onusiens constants et ses démarches incessantes en vue de garantir un avenir meilleur pour la Libye, pays frère et son vaillant peuple qui mérite notre solidarité et notre soutien”. Pour sa part, Mme Stéphanie Khoury, a souligné que l’Algérie jouait “un rôle primordial dans le soutien des efforts des Libyens en vue de parvenir à un règlement de la crise libyenne”, relevant que ses entretiens avec M. Attaf étaient “profonds et très bénéfiques” et avaient porté sur les défis en matière des divisions sécuritaires et économiques, ainsi qu’en matière de stabilité de la région et non seulement la Libye. La rencontre a permis également, poursuit Mme Khoury, d’examiner “les objectifs communs entre l’Algérie et l’ONU, qui s’inscrivent dans l’intérêt du peuple libyen, en vue de parvenir à un Etat libyen uni et sans divisions, et de garantir la stabilité de la région toute entière”.