Wassila. B

L’Algérie a de nouveau dénoncé les pratiques « néfastes » du Maroc dans le secteur des eaux transfrontalières à l’Ouest algérien. Ces pratiques destructrices marocaines ont été révélées, mercredi dernier à Ljubljana (Slovénie), par le ministre de l’Hydraulique, Taha Derbal. « Les régions ouest et sud-ouest de l’Algérie subissent des effets négatifs résultant des pratiques de l’État voisin, le Maroc, obstruant et détruisant les eaux de surface transfrontalières », a-t-il dénoncé dans une allocution prononcée lors des travaux de la 10e Réunion des Parties à la Convention sur la protection et l’utilisation des cours d’eaux transfrontalières et des lacs internationaux, selon l’agence officielle APS. La contamination des eaux entrant en Algérie à partir du Maroc a notamment détérioré la qualité des eaux du barrage Hammam Boughrara dans la wilaya de Tlemcen, à cause de la contamination des eaux provenant des territoires marocains, selon le ministre. La forte réduction des eaux de l’oued Ghir du fait de la construction, côté marocain, du barrage de Kadoussa a entrainé l’assèchement du lac du barrage de Djorf Torba situé sur le territoire algérien, a ajouté Taha Derbal qui a dénoncé un « assèchement méthodique » de cet important barrage. Une situation qui dans la région de la Saoura au sud-ouest de l’Algérie a entraîné « l’effondrement des écosystèmes et de la biodiversité, affectant notamment la faune et la flore, outre les répercussions économiques et sociales graves sur les habitants des régions frontalières algériennes affectées ». Ces dommages ont entraîné la disparition de 43 espèces d’oiseaux et d’animaux rares, ainsi qu’une perturbation des routes migratoires des oiseaux migrateurs. Suite à l’assèchement du lac du barrage de Djorf Torba, l’Algérie a fait un énorme effort financier pour parvenir à approvisionner les habitants de la région en eau potable, a affirmé le ministre, mais « elle reste dans un besoin impérieux d’un soutien international pour rétablir les écosystèmes affectés ».

Synergie entre l’Algérie, la Tunisie et la Libye

Taha Derbal a souligné que, pour sa part l’Algérie s’efforce de « tenir compte des besoins hydriques des pays voisins et éviter, dans l’élaboration de ses politiques, les pratiques d’exploitation qui nuisent aux pays limitrophes, telles que la construction de barrages dans des régions proches des frontières ou encore la déviation des cours d’eaux superficielles ». Le ministre a indiqué que l’Algérie avait initié l’action de consacrer des mécanismes de coopération en ce qui concerne les eaux transfrontalières. C’est le cas avec l’accord entre l’Algérie, la Tunisie et la Libye portant création d’un mécanisme de concertation sur la gestion des eaux souterraines communes dans le Sahara septentrional, signé en avril dernier à Alger. Taha Derbal a affirmé que cette démarche « est un exemple à suivre en matière de solutions basées sur la coordination entre les États ». La construction du barrage de Kadoussa au Maroc ainsi que la sécheresse ont fait qu’en mars 2023, les 200.000 habitants de la ville de Béchar n’avaient de l’eau au robinet qu’un jour sur 3, voire un jour sur quatre. Le retour à la normale n’a été possible qu’à travers un impressionnant transfert d’eau en provenance de Boussir distant de 180 km au nord de Béchar où ont été réalisés 11 forages en un temps record ainsi que la construction de stations de pompages et plusieurs réservoirs. Un chantier qui permet d’alimenter la ville avec 25.000 à 30.000 m³/jour. La politique marocaine des grands barrages est dénoncée par plusieurs experts. Aussi Taha Derbal a appelé à « la nécessité de renforcer le dialogue et de rendre la concertation entre les pays une réalité concrète, étant le moyen le plus efficace pour garantir le développement durable dans le monde ».