Djamila.M

Dans son intervention d’ouverture du Forum national, organisé, à l’occasion de la commémoration des massacres du 11 décembre 1960, le Pr Adda Bouhada Mohamed El Amine, directeur de l’Institut de criminologie de l’Université d’Oran Ahmed Ben Bella, a souligné la responsabilité juridique de la France pour les crimes durant la période coloniale. Les témoignages et preuves historiques que l’Algérie a en sa possession, confirment, indéniablement, la participation de l’occupation française dans des crimes contre le peuple algérien. L’intervenant a affirmé que l’Algérie, en tant que membre des Nations unies, a tous les droits de poursuivre la France pour les crimes commis contre le peuple algérien. « Le temps est venu pour l’Algérie d’agir formellement contre la France devant les tribunaux internationaux, sur la base de preuves et de faits documentés sur ces crimes contre le peuple algérien durant la période coloniale », a-t-il lancé du haut de sa tribune. L’orateur a également expliqué que le Forum visait à mettre en lumière les crimes commis par l’occupation française contre le peuple algérien, notant que cet événement représente une occasion aussi pour documenter et authentifier les témoignages direct de moudjahidines et de chercheurs. « Elle vise à fournir des preuves condamnant la France pour ses crimes de guerre et crimes contre l’humanité, y compris l’usage d’armes chimiques dans la ville de Laghouat, un fait, considérée comme un génocide. » a-t-encore clamé. Le conférencier a également déclaré que le Forum visait à démonter la responsabilité juridique de l’occupation française au niveau international, dans le contexte des efforts de l’Algérie pour rendre l’occupation française juridiquement responsable devant les tribunaux internationaux. « L’Algérie doit engager des poursuites contre la France sur la base de preuves et de témoignages confirmant qu’elle a commis des crimes de guerre contre l’humanité ». s’est-il indigné. Dans le même sillage, le professeur Bendjabbour Mohamed, directeur du laboratoire de recherches historiques des sources de la même institution, a confirmé, pour sa part, que le Forum était une occasion précieuse pour les chercheurs et universitaires de diverses disciplines de s’immerger dans les détails des crimes coloniaux français. Bendjabbour a expliqué que le Forum organise trois sessions scientifiques sur les questions historiques et juridiques les plus importantes qui documentent ces crimes, soulignant que ces derniers, sont imprescriptibles et inaliénables.

Revoir la chronolgie des crimes coloniaux

Par ailleurs, Bendjabbour a ajouté que l’objectif principal de cette réunion était de revoir la chronologie historique des crimes commis par la France contre le peuple algérien, à travers une analyse attentive d’événements majeurs tels que les massacres du 8 mai 1945, la guerre (1954-1962) et le massacre du 17 octobre 1961 à Paris. Le Forum est selon l’orateur, l’occasion de pérenniser ces faits en les gravant dans la mémoire nationale et de s’assurer qu’ils ne soient pas oubliés. Il a également souligné que l’Université d’Oran 1 a joué un rôle de premier plan dans la documentation de l’histoire de la révolution nationale par le biais d’équipes de recherche spécialisées dans l’étude des crimes coloniaux. Il a noté que l’Université s’employait à recueillir et analyser les sources relatives à cette période, à l’instar des témoignages de moudjahidines encore vivants et ayant vécu les affres de cette période, considérant que ces témoignages étaient essentiels pour construire la mémoire nationale. D’autre part, le Forum a abordé l’importance de préserver l’histoire de la mémoire nationale, un principe que les plus hautes autorités du pays cherchent à réaliser. Le Forum a accueilli des moudjahidines qui ont vécu pendant l’occupation française, dont certains ont évoqué, avec amertume, les souffrances et les horreurs de cette période, comme la brutalité, les humiliations, et les tortures qu’ils ont subies pendant la révolution armée. D’autres interventions ont également porté sur les crimes commis par l’occupation française de 1830 à 1962, tels que les déplacements forcés, l’exil et les massacres. Outre l’utilisation de produits chimiques dans l’extermination du peuple algérien, le recours aux essais nucléaires dans le grand Sahara algérien, plus particulièrement dans la région d’Adrar, a également été abordé.