S Hadjar
Une opération exceptionnelle a récemment marqué l’histoire médicale de l’Établissement Hospitalier Universitaire (EHU) 1er Novembre 1954 à Oran. Une équipe du service de neurochirurgie, dirigée par le Pr. Rabah Karbouz, a réussi à extraire une tumeur bénigne rare et invasive, connue sous le nom de Méningiome Fronto-Orbito-Facial Invasif.
Cette intervention, réalisée en plusieurs étapes, témoigne des compétences et des capacités techniques de l’établissement. La tumeur, d’une taille impressionnante de 12 cm sur 8 cm, occupait une position critique : elle s’étendait du cerveau gauche à l’orbite de l’œil, pour atteindre la mâchoire inférieure et le haut du cou. Le patient, un homme de 58 ans originaire d’Aïn Guezzam, une région reculée du sud, portait cette masse depuis 2017. Étiquetée à tort comme un cancer dans plusieurs hôpitaux, son état n’avait pas trouvé de solution, ni en Algérie ni à l’étranger.
Face à l’urgence de son cas, le service de neurochirurgie de l’EHU d’Oran a pris en charge ce patient dans des délais records. La première intervention a ciblé la partie externe de la tumeur, affectant l’œil et les sinus faciaux. Une semaine plus tard, la seconde phase, plus délicate, s’est concentrée sur la portion profondément ancrée dans le cerveau et les nerfs. Les deux opérations combinées ont duré 15 heures, et une chirurgie esthétique, prévue pour restaurer les traits du visage, clôturera cette prise en charge en trois étapes.
Le Pr. Karbouz a souligné la rareté de cette tumeur, non seulement en Algérie mais aussi à l’échelle mondiale. Bien que bénigne, elle représentait une menace sérieuse pour le patient en comprimant des structures vitales comme les nerfs et les muscles faciaux. « Grâce aux équipements modernes et à la coordination des équipes médicales, nous avons pu offrir au patient une nouvelle chance de vivre dans de meilleures conditions », a-t-il déclaré.
Malgré les défis liés à sa localisation géographique dans le sud profond, le patient bénéficie actuellement d’une surveillance post-opératoire stricte au sein de l’EHU d’Oran. Ce cas met en lumière les progrès de la médecine algérienne dans la gestion des pathologies rares et complexes, ainsi que le rôle clé des infrastructures hospitalières modernes et des compétences locales.
En redonnant espoir à un patient après huit années de souffrance, cette prouesse médicale réaffirme l’engagement des professionnels de santé algériens à relever les défis les plus exigeants de leur domaine.