Wassila. B
Suite à des rumeurs faisant état d’une interdiction des cours de soutien scolaire, le ministre de l’Éducation nationale, Mohammed Seghir Sadaoui, oppose un démenti formel et apporte des éclaircissements. Le ministre a déclaré, hier à Alger, que son département ministériel n’a pris aucune mesure d’interdiction des cours de soutien et qu’il était, plutôt, soucieux, de préserver la concentration et la stabilité des élèves durant l’année scolaire. Pour le ministre, le secteur n’est aucunement opposé aux cours de soutien dispensés en dehors des écoles, « d’autant plus que, précise-t-il, nous sommes au milieu de l’année scolaire, une période qui nécessite de préserver la sérénité et la concentration de nos enfants loin de toute mesure à même de les agiter ». « Il est de notre devoir de préserver la concentration et la stabilité de nos enfants, d’autant plus que nous sommes au milieu de l’année scolaire », a-t-il soutenu. Le ministre a expliqué que « tout projet visant à organiser ces cours doit être participatif », soulignant que les cours de soutien constituent « une opportunité supplémentaire visant à renforcer l’apprentissage et la perception des élèves, notamment pour ceux des classes d’examen ». Le ministre a indiqué que la priorité du secteur de l’Éducation est « d’assurer la qualité de l’enseignement, dans les établissements d’enseignement (publics et privés) ». Le ministre a appelé la communauté éducative à « contribuer à la préservation de la stabilité des élèves durant cette période ».
Les cours de soutien scolaire sont une activité informelle pratiquée par de nombreux enseignants qui leur permettent d’améliorer leurs revenus. Devant la forte demande, certains louent carrément des garages qu’ils improvisent en salle de cours. La rumeur de l’interdiction des cours particuliers est partie de la mauvaise interprétation d’une note du ministère du Commerce relative à l’activité des écoles privées d’apprentissage des langues. Dans cette note adressée, fin novembre dernier, aux directeurs du commerce régionaux et des wilayas, le ministère du Commerce a relevé que certaines écoles privées, agréées pour enseigner les langues, « offrent d’autres services liés à l’enseignement et la formation ». Ces autres services sont précisément les cours particuliers. Ces écoles « dispensent des cours particuliers dans différentes disciplines et différents paliers de l’enseignement, ce qui constitue des activités en dehors de l’objet du registre du commerce », est-il affirmé dans la note du ministère.
La précision du ministre du Commerce
Le ministre du Commerce Tayeb Zitouni a déclaré que son département n’a pas interdit les cours de soutien, expliquant que les écoles de langues qui les dispensent ont été plutôt invitées à régulariser leur situation en ajoutant le code de cette activité à leur registre du commerce.
De leur côté, des syndicats dénoncent « une tentative de déstabilisation du secteur de l’Éducation ». L’Union nationale des parents d’élèves, le Syndicat national des travailleurs de l’éducation (SNTE) et le Satef disent «suivre avec une grande inquiétude les tentatives de déstabilisation du secteur éducatif », en mettant en garde contre « toute forme de manipulation des élèves ». Ces syndicats appellent les membres de la communauté éducative dont notamment les parents à « surveiller les élèves pour qu’ils ne se laissent pas entraîner dans les appels trompeurs publiés par certaines pages suspectes sur les réseaux sociaux les incitant à déstabiliser le fonctionnement de l’école ». En l’espace d’une vingtaine d’années, cette pratique est passée des cours supplémentaires au niveau des classes d’examen et dans certaines disciplines à leur quasi généralisation à tous les cycles, et pis encore, avec leurs propres enseignants ! Plusieurs facteurs ont contribué à faire de ces cours de soutien privé une école parallèle à l’école publique. Certains estiment que la généralisation incontrôlée de ces cours sape les fondements de l’école publique dans sa dimension égalitaire et réintroduit les inégalités dues aux différences de classes et de places dans la société. Les parents eux-mêmes vivent très mal ces situations car ils savent qu’ils sont en train de saturer complètement leurs enfants ne vivant plus ni leur enfance ni leur adolescence. Une des solutions préconisée par les pédagogues, est l’organisation régulière des séances de remédiation à l’intérieur de l’établissement comme suite logique aux évaluations quasi mensuelles en cours actuellement. Celles-ci seraient planifiées, selon les spécialistes, autour des difficultés ou des déficits et pas uniquement par niveau. Les experts préconisent également des mesures réglementaires d’encadrement de ce phénomène.