Wassila. B

En s’exprimant dans un long entretien accordé au journal français L’Opinion, le président Tebboune a tenu à faire de nombreuses mises au point sur la crise entre l’Algérie et la France. « Mais, plus rien n’avance si ce n’est les relations commerciales. Le dialogue politique est quasiment interrompu. Il y a des déclarations hostiles tous les jours de politiques français comme celles du député de Nice, Éric Ciotti, qui qualifie l’Algérie d’« État voyou » ou du petit jeune du Rassemblement national qui parle de « régime hostile et provocateur » », a critiqué le président Tebboune. Le président de la République s’étonne que ces personnalités de l’extrême droite « aspirent un jour à diriger la France ». « Personnellement, je distingue la majorité des Français de la minorité de ses forces rétrogrades et je n’insulterai jamais votre pays », a-t-il précisé. Le président Tebboune a rappelé le passé de l’extrême droite française. « Ce sont des « analphabétises ». Les responsables du RN ne connaissent que l’utilisation de la force. Il y a encore dans l’ADN de ce parti des restes de l’OAS pour laquelle il fallait tout régler par la grenade et les attentats », a dénoncé le président Tebboune. « Moi, je m’interroge sur la manière dont Madame Le Pen va s’y prendre si elle parvient au pouvoir : veut-elle une nouvelle rafle du Vel d’Hiv et parquer tous les Algériens avant de les déporter ? », s’interroge le président algérien. Le président de la République a rappelé que l’Algérie est la troisième puissance économique et la deuxième puissance militaire en Afrique, en estimant que l’utilisation de la force, comme prônée par Marine Le Pen, est un « non-sen absolu ». Mais le chef de l’État a dit : « Nous sommes prêts à dialoguer ». Le président Tebboune a aussi répondu à la polémique lancée par l’extrême-droite sur l’aide au développement de la France à l’Algérie. « Cela relève d’une profonde méconnaissance de l’Algérie. C’est de l’ordre de 20 à 30 millions par an. Le budget de l’État algérien est de 130 milliards de dollars et nous n’avons pas de dette extérieure », a énuméré Abdelmadjid Tebboune, mais l’Algérie, a-t-il ajouté, n’a pas besoin de cet argent qui « sert avant tout les intérêts d’influence extérieure de la France. » Sur Boualem Sansal qui a été arrêté le 16 novembre dernier à l’aéroport d’Alger avant d’être écroué et poursuivi pour atteinte à l’intégrité nationale, Tebboune a dit : « C’est une affaire scabreuse visant à se mobiliser contre l’Algérie. » Le président Tebboune a aussi rappelé que Boualem Sansal est « d’abord Algérien depuis soixante-quatorze ans », et que c’est un « retraité algérien ». Il a indiqué que la veille de son voyage en Algérie, il a dîné avec Xavier Driencourt qui a été deux fois ambassadeur de France, et qui mène campagne pour l’abrogation de l’accord de 1968 et des sanctions contre l’Algérie.