C’est dans une atmosphère empreinte de gravité et de responsabilité que se sont ouverts, ce lundi, les travaux de la 12e session du Séminaire de haut niveau sur la paix et la sécurité en Afrique, connu sous le nom diplomatique de « Processus d’Oran ». Le Centre international des conférences (CIC) « Abdelatif Rahal » d’Alger a servi de cadre à cette rencontre cruciale pour l’avenir du continent. La cérémonie d’ouverture a été présidée par le ministre d’État, ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines, M. Ahmed Attaf.
Dès l’entame de son propos, le chef de la diplomatie algérienne a tenu à placer l’événement sous le haut patronage de la présidence, transmettant aux participants les salutations fraternelles du Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune. Ce dernier, fervent défenseur de ce mécanisme, lui accorde une attention prioritaire, veillant personnellement à sa pérennité et à sa consolidation en tant qu’outil indispensable à la stabilité africaine.
Cette 12e édition se distingue par une participation particulièrement large et qualitative. La salle de conférence a accueilli de nombreux ministres des Affaires étrangères venus de tout le continent, ainsi que des hauts responsables de l’architecture de paix africaine. Aux côtés de M. Attaf, la présence de Mme Selma Bakhta Mansouri, secrétaire d’État auprès du ministre des Affaires étrangères chargée des Affaires africaines, a été notée.
Le séminaire réunit les acteurs clés de la décision sécuritaire : les membres du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA) et les membres africains du Conseil de sécurité des Nations unies (le groupe des « A3 »), qu’ils soient membres actuels, entrants ou sortants. Des représentants de la Commission de l’UA, de l’ONU, ainsi que les partenaires et amis du Séminaire complètent ce tour de table stratégique.
L’édition actuelle revêt une importance singulière pour l’Algérie. En effet, l’année 2025 marquera une configuration diplomatique exceptionnelle : le pays siègera simultanément en tant que membre africain du Conseil de sécurité de l’ONU (au sein du A3) et en tant que membre du CPS de l’UA. À cette double responsabilité s’ajoute son statut de pays hôte et d’initiateur historique du Processus d’Oran.
Les travaux de cette session ont pour objectif premier de faire le point sur les acquis du groupe A3+ dans l’exécution du mandat confié par l’UA. Il s’agira d’identifier les défis urgents et d’examiner les moyens les plus efficaces pour renforcer le poids politique de ce groupe. Le séminaire doit aboutir à des recommandations pratiques visant à améliorer la cohérence, la coopération et la coordination opérationnelle entre le CPS (qui définit la doctrine à Addis-Abeba) et les A3 (qui la portent à New York).
Une vision algérienne
Il est utile de rappeler que ce séminaire a été créé en 2013 à l’initiative de l’Algérie. Au fil des ans, le « Processus d’Oran » s’est imposé comme une plateforme incontournable de réflexion, dédiée à la promotion de l’action africaine commune. Depuis sa session inaugurale, ce rendez-vous annuel vise à harmoniser les voix africaines pour défendre efficacement les positions communes sur la scène internationale. En reconnaissance de ces efforts, la 8ème session (décembre 2021) avait acté l’institutionnalisation du séminaire et désigné Oran comme lieu permanent. L’édition de cette année se tient exceptionnellement à Alger, symboliquement au lendemain de la Conférence internationale sur les crimes du colonialisme.
Dans son allocution d’ouverture, M. Ahmed Attaf a livré un plaidoyer vibrant pour une souveraineté diplomatique retrouvée. Il a appelé ses homologues à saisir l’occasion de cette nouvelle édition pour renouveler l’engagement collectif à « élaborer des solutions africaines aux maux africains ». Le ministre a insisté sur la nécessité absolue de parler d’une seule voix pour défendre les priorités de l’Afrique, non seulement au Conseil de sécurité, mais dans tous les forums multilatéraux.
L’objectif affiché est clair : mettre fin à la marginalisation historique de l’Afrique dans les instances décisionnelles internationales. Pour M. Attaf, le continent a besoin de raviver sa tradition diplomatique, fondée sur le dialogue constructif et la médiation proactive, seule à même de prévenir l’escalade des conflits.
Le ministre s’est félicité des progrès accomplis, notant avec fierté que les trois pays africains au Conseil de sécurité forment désormais « un bloc unique et uni ». L’Afrique a atteint un statut inédit : elle n’est plus représentée par des voix nationales dispersées, mais par une position continentale cohérente. Il a souligné la réussite de la collaboration entre l’Algérie, la Somalie et la Sierra Leone, qui ont su exprimer des positions africaines alignées sur les décisions de l’UA à chaque fois que la paix était menacée.



















