Wassila. B

Les terres rares sont un groupe de métaux dont certains sont essentiels à la transition énergétique. La décision éclairée du président Tebboune de renoncer à exploiter les terres rares pour les réserver aux générations futures s’inscrit dans une stratégie multidimensionnelle, alliant préservation des ressources stratégiques, développement durable et souveraineté économique. Les terres rares (composées de 17 éléments comme l’yttrium, le scandium ou le cérium) sont essentielles pour les industries de pointe (électronique, énergies renouvelables, aérospatiale, etc.). L’Algérie, qui détiendrait environ 20 % des réserves mondiales de ces métaux dans le Sahara, préfère les conserver comme un « patrimoine stratégique » pour anticiper les besoins futurs, notamment dans un contexte de transition énergétique globale. Le président Tebboune a souligné que leur exploitation immédiate risquerait de les épuiser prématurément, privant ainsi les générations futures d’une ressource clé pour répondre aux défis technologiques et économiques à venir. L’extraction des terres rares est associée à des procédés polluants et énergivores, nécessitant des technologies avancées pour minimiser les dégâts écologiques. En reportant leur exploitation, l’Algérie cherche à se doter de méthodes plus propres et efficaces, via des études approfondies et l’introduction de solutions scientifiques innovantes. Cette approche vise aussi à éviter une exploitation « frénétique » et mal contrôlée, comme l’a mentionné Tebboune lors du Conseil des ministres. En préservant ces ressources, l’Algérie se positionne comme un acteur clé sur le marché mondial des métaux stratégiques, renforçant son poids géopolitique. La présence de pays comme la France ou la Chine, intéressés par ces réserves, illustre leur valeur convoitée. En contrôlant leur exploitation future, le pays peut négocier des partenariats avantageux et éviter une dépendance à court terme vis-à-vis des investisseurs étrangers. Le gouvernement algérien cherche à développer d’autres secteurs miniers (fer, phosphate, zinc) pour réduire la dépendance aux revenus pétroliers, tout en réservant les terres rares comme levier économique à long terme. Par exemple, des projets comme la mine de fer de Gara Djebilet ou le phosphate de Tébessa sont prioritaires, tandis que les terres rares restent un atout dormant. Le nouveau code des mines adopté en Conseil des ministres encadre strictement l’exploitation, combinant modernisation technologique, simplification bureaucratique et exclusion ciblée des terres rares. Cette réforme vise à attirer des investissements responsables dans d’autres minerais, tout en préparant un cadre réglementaire solide pour une exploitation future des terres rares, plus rentable et durable. Cette stratégie reflète une vision à long terme où l’Algérie mise sur la durabilité et la valeur ajoutée future plutôt que sur des gains immédiats. En équilibrant développement économique, protection environnementale et souveraineté nationale, elle aspire à transformer ses ressources en un capital stratégique pour les décennies à venir, tout en répondant aux enjeux globaux de la transition énergétique.