Meriem B
À l’occasion du 80e anniversaire des massacres du 8 mai 1945, inscrits dans la conscience collective nationale comme l’un des épisodes les plus tragiques de l’histoire coloniale, la wilaya d’Oran a vibré au rythme d’une série d’activités patriotiques, culturelles et scientifiques. Initiées et encadrées principalement par la wilaya d’Oran et le bureau local de l’Organisation nationale des Moudjahidine (ONM), ces actions de commémoration ont illustré un profond attachement à la mémoire des martyrs tout en projetant cette mémoire dans une dynamique de transmission intergénérationnelle et d’ancrage des valeurs patriotiques.
Des cérémonies officielles ont été organisées dans toutes les communes de la wilaya d’Oran, notamment à Gdyel, Boutlélis, Aïn Turk, El Mers El Kebir, Bousfer, Oued Tlélat, Arzew et Bir El Djir. Dans chacune de ces localités, les représentants de l’ONM ont pris part aux hommages aux martyrs de la Révolution, aux côtés des autorités civiles et militaires, des scouts musulmans algériens, des établissements éducatifs, du Croissant-Rouge algérien, ainsi que des associations locales. À chaque étape, le cérémonial a été marqué par la levée solennelle de l’emblème national, l’exécution de l’hymne Kassaman, la récitation de la Fatiha et le dépôt de gerbes de fleurs sur les stèles commémoratives.
Ces instants empreints de solennité ont rappelé l’ampleur de la répression coloniale qui s’est abattue sur des milliers d’Algériens sortis manifester pacifiquement pour revendiquer l’indépendance de leur pays, au lendemain de la victoire contre le nazisme. Ces massacres, perpétrés par l’armée française notamment à Sétif, Guelma et Kherrata, mais également à Oran et dans d’autres villes du pays, ont été érigés en symbole de l’injustice coloniale et du mépris de la dignité du peuple algérien.
Témoignages, histoire et transmission de la mémoire
Conscient de l’importance de préserver et de transmettre cette mémoire, le bureau d’Oran de l’ONM a organisé et participé à plusieurs événements éducatifs et académiques en partenariat avec les institutions universitaires et les directions locales. À l’université des sciences humaines et islamiques d’Oran, une conférence scientifique intitulée « Les massacres du 8 mai 1945 : contextes et dimensions » a permis à des chercheurs, historiens et étudiants de débattre des origines, des enjeux et des répercussions de cette tragédie sur la conscience nationale algérienne. L’événement, organisé par le Laboratoire d’études maghrébines, a été enrichi par la participation de la Moudjahida Briksi Khadidja, membre active du bureau local de l’ONM.
Dans un autre registre, une rencontre historique a été tenue à l’École supérieure d’économie d’Oran, réunissant des figures emblématiques de la lutte de libération nationale, à l’image des Moudjahidine Briksi Khadidja, Yakhou Salhiha et Haddou Khaled. Devant un auditoire d’étudiants et d’enseignants, ces témoins de l’histoire ont partagé des récits poignants de leur engagement pour la liberté, insistant sur le rôle capital de la jeunesse dans la défense des idéaux de Novembre. « Il est de notre devoir de faire vivre la mémoire et de cultiver l’esprit de patriotisme chez la jeunesse », a rappelé un cadre de l’ONM.
Une mémoire vivante ancrée dans les actes et les symboles
Au-delà des conférences et des cérémonies officielles, d’autres formes de commémoration ont été privilégiées pour renforcer le lien entre mémoire et citoyenneté. Une sortie a été organisée au cimetière des martyrs d’Es-Senia, en coordination avec la direction des services universitaires et celle des Moudjahidine. Des dizaines d’étudiants y ont participé pour rendre hommage aux héros de la nation, renouant ainsi symboliquement avec l’histoire.
La Maison de la culture d’Oran a accueilli, le 7 mai, un rassemblement mêlant art, mémoire et patriotisme, sous la direction de Farhiha Ben Youssef et à l’initiative de la militante culturelle Bachira Salhi. Cette rencontre a vu la participation d’anciens combattants et de jeunes artistes dans un esprit de dialogue intergénérationnel. Musique patriotique, expositions et lectures de textes ont rythmé cette journée, marquée par une volonté de faire converger mémoire et création.
Par ailleurs, une campagne de dépistage médical et de soutien psychologique a été organisée au siège de l’ONM à El-Seddikia. Destinée aux Moudjahidine et à leurs familles, elle a été conduite en partenariat avec l’Organisation algérienne de la communication pour le développement et l’établissement public de santé de proximité d’El-Seddikia. Cette initiative, à forte dimension humaine, visait à rappeler l’engagement de l’État et de la société civile envers ceux qui ont donné leur jeunesse pour l’indépendance du pays.
Fait notable de cette édition 2025 de la Journée nationale de la mémoire, la participation de l’ONM au 13e Congrès de la santé respiratoire, tenu les 8 et 9 mai à l’hôtel Oran Bay, a témoigné de la volonté de l’organisation d’élargir le champ de la mémoire nationale aux dimensions actuelles de développement. Le Moudjahid Ben Said Slimane, chargé de l’organisation et des finances au sein du bureau de wilaya, a représenté l’ONM à cette rencontre scientifique, qui a réuni médecins, chercheurs, universitaires et figures nationales, dont l’ancien ministre et Moudjahid Mahi Bahi. Dans son intervention, M. Ben Said a rappelé que la santé, le savoir et la dignité sont les piliers sur lesquels se construit l’Algérie nouvelle, et qu’ils s’inscrivent dans le prolongement des sacrifices de la génération de Novembre.
Des figures honorées, une mémoire sauvegardée
Dans le même esprit, l’ONM a tenu à rendre un hommage appuyé à Mme Kenza Goulal, chercheuse engagée et présidente de l’association “Konouz El Bahia”, pour son travail exemplaire en faveur de la sauvegarde du patrimoine immatériel oranais et de la mémoire collective. Qualifiée de « figure engagée du patrimoine algérien », elle a reçu le soutien de la famille révolutionnaire pour ses efforts déployés à travers les médias et les espaces associatifs en vue de préserver l’identité culturelle nationale.
À travers cette programmation dense et significative, le bureau d’Oran de l’Organisation nationale des Moudjahidine démontre son engagement permanent pour la défense de la mémoire nationale. Fidèle à sa mission historique, l’ONM ne cesse de mobiliser tous les moyens disponibles pour transmettre aux jeunes générations les valeurs de patriotisme, de solidarité, de fidélité aux martyrs et de confiance en l’avenir.
Car en gardant vivante la mémoire des sacrifices consentis, c’est aussi l’esprit de responsabilité et d’unité nationale qui s’enracine dans les consciences. C’est ainsi que la mémoire devient un ferment d’avenir.