Wassila. B

L’Algérie franchit une nouvelle étape diplomatique majeure en consolidant ses relations avec l’Asie du Sud-Est. Mercredi, à l’occasion de la 58e session du Conseil des ministres des Affaires étrangères de l’ASEAN (Association des nations de l’Asie du Sud-Est), le ministre algérien d’État, ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines, M. Ahmed Attaf, a officiellement annoncé l’adhésion de l’Algérie au Traité d’amitié et de coopération (TAC) de l’ASEAN. Dans un discours prononcé depuis Kuala Lumpur, M. Attaf a salué ce moment comme un « jalon crucial » dans le développement des relations entre l’Algérie et les dix membres de l’organisation régionale asiatique. « C’est avec une grande fierté et un immense plaisir que je m’adresse à vous aujourd’hui au moment où mon pays parachève son adhésion officielle au Traité d’amitié et de coopération du Sud-Est », a-t-il déclaré, remerciant chaleureusement les États membres pour leur soutien unanime à cette adhésion. Le Traité d’amitié et de coopération en Asie du Sud-Est, signé en 1976, est un cadre fondamental de l’ASEAN pour la promotion de la paix, de l’amitié et de la coopération interétatique. Y adhérer constitue un acte politique fort, traduisant l’engagement envers les principes de non-ingérence, de règlement pacifique des conflits et de coopération multilatérale. Avec cette adhésion, l’Algérie envoie un signal fort : elle entend jouer un rôle plus affirmé sur la scène asiatique et élargir les horizons de sa diplomatie vers des espaces en pleine croissance. Le chef de la diplomatie algérienne a mis en avant la « forte volonté » de son pays de renforcer les relations d’amitié et de coopération, qu’il qualifie de « séculaires », avec l’ensemble des membres de l’ASEAN. Cette volonté s’inscrit dans une démarche stratégique visant à donner une nouvelle dimension aux relations bilatérales, en les inscrivant dans un cadre multilatéral cohérent et ambitieux. « Nous aspirons à donner une nouvelle dimension à ces relations bilatérales, une dimension englobant l’ASEAN en tant que bloc uni », a souligné M. Attaf, appelant à un dialogue de partenariat sectoriel renforcé entre l’Algérie et l’ASEAN.

 

Une triple motivation

 

Le ministre a résumé les motivations de l’Algérie à rejoindre le TAC en trois points fondamentaux. D’abord, il a salué l’ASEAN comme un « modèle inspirant » d’intégration régionale, citant ses réussites économiques, politiques et sociales comme des exemples à suivre, notamment pour les initiatives similaires en Afrique. Il a également mis en avant la volonté algérienne de tisser des relations plus denses avec chaque État membre, dans un esprit de solidarité et de coopération mutuelle. M. Attaf a insisté sur l’ambition de voir l’Algérie s’intégrer davantage dans les mécanismes régionaux et internationaux, à travers un dialogue structuré avec des blocs influents, dont l’ASEAN est un représentant emblématique. L’adhésion de l’Algérie au TAC marque une avancée diplomatique significative dans la politique étrangère algérienne axée sur la diversification de ses partenariats stratégiques. Elle reflète aussi une dynamique accrue de coopération Sud-Sud, particulièrement entre l’Afrique et l’Asie. Ce rapprochement s’inscrit dans un contexte international en mutation, où les pays du Sud cherchent à renforcer leurs liens en dehors des pôles traditionnels. En se rapprochant de l’ASEAN, Alger affirme sa volonté d’être un acteur actif dans les nouvelles reconfigurations géopolitiques, économiques et culturelles.  Le troisième motif concerne, selon le ministre, « notre fierté de partager avec tous les Etats membres de l’ASEAN notre engagement sans faille aux principes du Traité d’amitié et de coopération, d’autant plus qu’il s’agit des mêmes principes que consacre, avec la même vigueur, la Charte des Nations Unies ». Il a souligné que « ces principes découlant du droit international constituent les fondements de la politique étrangère de l’Algérie », des principes, précise-t-il, qui « ont façonné l’identité extérieure de l’Algérie ». Ce sont ces mêmes principes qui “ont orienté et continue d’aiguiller ses actions et ses positions sur la scène internationale », rappelle le ministre. A cette occasion, le ministre a affirmé que « notre monde a impérieusement besoin d’un réengagement envers ces principes, notamment au vu des évolutions et des tendances extrêmement préoccupantes qui se révèlent, devant nous, jour après jour ». « Ce qui inquiète est le recours recrudescent et ouvert à la force, au mépris des us et règles reconnus », a-t-il regretté, poursuivant que « le plus alarmant est cette tendance croissante à la violation délibérée du droit international, y compris les principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies ». M. Attaf a également mis en garde contre « la marginalisation progressive de l’ONU, l’affaiblissement du système onusien et la transformation du Conseil de sécurité lui-même en un organe impuissant et quasi paralysé », ce qui est extrêmement préoccupant a-t-il martelé. Le chef de la diplomatie algérienne a enfin conclu en évoquant l’engagement de l’Algérie à « coordonner étroitement avec l’ASEAN afin de privilégier la diplomatie à la confrontation et de faire prévaloir la primauté de la loi sur la force et le multilatéralisme sur l’unilatéralisme, étant le seul moyen de parvenir à un avenir où régnera la paix et la prospérité pour toute l’humanité ».