Meriem B
À Oran, le 63e anniversaire de la création de la police algérienne n’a pas été marqué uniquement par la commémoration. Il a surtout été placé sous le signe de l’action concrète sur le terrain. Samedi 19 juillet, le Directeur général de la Sûreté nationale, M. Ali Badaoui, a effectué une visite de travail d’envergure dans la wilaya, aux côtés du wali, M. Samir Chibani. Au programme : l’inauguration de nouvelles infrastructures sécuritaires et le lancement de projets structurants dans des zones urbaines en forte croissance. À travers ces actions, les autorités entendent répondre aux besoins d’un territoire en pleine mutation et affirmer une volonté claire : bâtir une sécurité de proximité, moderne, efficace et anticipatrice.
Un maillage territorial renforcé dans les nouveaux pôles d’habitat
Premier acte fort de cette tournée : l’inauguration du siège de la sûreté urbaine au quartier des 4100 logements promotionnels publics, dans la commune de Sidi El Chahmi. Cette structure, implantée au cœur d’un tissu résidentiel dense et en expansion, symbolise l’approche de proximité que veut incarner la police algérienne. « Il s’agit de rapprocher le service public sécuritaire du citoyen, de manière concrète et fonctionnelle », a souligné un responsable présent sur place. Ce commissariat vient répondre à une réalité simple : là où les populations s’installent, les services de sécurité doivent suivre.
Cette logique a également présidé à l’inauguration du second siège de sûreté urbaine, au niveau du pôle urbain du chahid Ahmed Zabana à Misserghine, précisément dans le quartier des 13 000 logements AADL. Pensée selon les standards les plus récents en matière d’aménagement et d’efficacité opérationnelle, cette infrastructure est appelée à jouer un rôle central dans la stabilisation d’une zone qui connaît une croissance démographique continue. La mise en service de cette unité traduit une volonté d’anticipation, dans un contexte où la pression sur les services de sécurité est appelée à s’intensifier avec l’arrivée de nouveaux habitants.
Miser sur l’anticipation : la sécurité pensée à long terme
Dans la même zone de Misserghine, les autorités ont également posé la première pierre d’un nouveau commissariat destiné à couvrir le site des 36 860 unités de logement, un autre pôle urbain en cours de développement. Ce projet, encore à l’état de chantier, s’inscrit dans une démarche prospective : répondre non pas uniquement aux besoins immédiats, mais aussi à ceux de demain. En intégrant dès à présent les exigences sécuritaires dans la planification urbaine, la Sûreté nationale entend rompre avec la logique du rattrapage souvent constatée dans les grandes métropoles.
Es-Senia : une force d’intervention rapide pour des défis contemporains
Autre moment clé de cette visite, l’inauguration du siège de la 3e unité d’intervention rapide à Aïn El Beïda, dans la commune d’Es-Senia. Cette nouvelle entité est destinée à renforcer les capacités opérationnelles des services de police dans une wilaya où les défis sécuritaires prennent des formes multiples, de la délinquance urbaine aux risques liés à la criminalité organisée. Dotée de moyens logistiques modernes et d’agents formés à la gestion des situations d’urgence, cette unité se veut un outil agile, capable de couvrir de larges périmètres dans un temps réduit. C’est aussi le reflet d’une approche plus mobile, complémentaire aux structures fixes que sont les sièges de sûreté urbaine.
Formation policière : le DGSN sur le chantier de l’école de Gdyel, en attente de redémarrage
Dernière étape de la visite, le chantier de la future école de police de Gdyel a retenu toute l’attention du Directeur général de la Sûreté nationale. Conçue pour accueillir jusqu’à 1 500 élèves, cette infrastructure de grande envergure, dotée de structures pédagogiques, sportives et de loisirs, est appelée à jouer un rôle central dans la formation des futures générations de policiers.
Pourtant, ce projet est à l’arrêt depuis plusieurs années, victime de contraintes juridiques et administratives qui ont freiné son avancement. Déjà en février dernier, lors d’une précédente visite, le wali d’Oran, M. Samir Chibani, avait tiré la sonnette d’alarme, appelant à une levée rapide des blocages pour relancer ce chantier jugé stratégique pour la sécurité régionale. Il avait alors donné des instructions fermes pour accélérer les procédures et mobiliser l’ensemble des intervenants, insistant sur l’urgence d’achever les travaux dans les meilleurs délais.
Dans le contexte actuel de restructuration du maillage sécuritaire à Oran, la mise en service de cette école apparaît plus que jamais prioritaire. Elle permettra non seulement de répondre aux besoins croissants en formation, mais aussi de doter la région d’un centre moderne, capable de former des policiers compétents, enracinés dans les réalités du terrain et préparés aux défis des environnements urbains complexes. Ce projet s’inscrit dans une vision à long terme de professionnalisation et de montée en compétence des effectifs de la Sûreté nationale, en cohérence avec les ambitions affichées par la Direction générale.
Une stratégie sécuritaire pensée comme un levier de développement
Au-delà des infrastructures, c’est une vision cohérente et territorialisée de la sécurité qui se dessine à Oran. Une sécurité qui n’est plus conçue uniquement comme une réponse à l’insécurité, mais comme une condition de développement urbain durable. En réorganisant la carte policière pour l’adapter aux réalités démographiques et sociales actuelles, la Sûreté nationale entend jouer pleinement son rôle de garant de la stabilité, mais aussi de partenaire du développement local.
Cette politique sécuritaire ambitieuse ne peut porter ses fruits que si elle s’accompagne d’une amélioration constante des conditions de travail des policiers, de leur formation continue, ainsi que d’un dialogue permanent avec les citoyens. La célébration du 63e anniversaire de la police algérienne aura donc été l’occasion non seulement de faire le bilan, mais surtout d’esquisser les contours d’une institution qui se réinvente pour mieux servir la société. À Oran, cette réinvention est déjà à l’œuvre.