Wassila. B
Il y a trente-sept ans, dans l’enceinte du Palais des Nations à Club des Pins, une voix s’élevait pour sceller une aspiration millénaire. Le 15 novembre 1988, Yasser Arafat, lisant un texte écrit par le poète Mahmoud Darwish, proclamait la naissance de l’État de Palestine. Cette « Déclaration d’Alger » n’était pas seulement un acte symbolique ; c’était l’affirmation solennelle d’un droit inaliénable, porté par un peuple meurtri mais indomptable. Aujourd’hui, alors que la Palestine est reconnue par la grande majorité des nations, il est essentiel de se souvenir du chemin parcouru et du rôle pivot qu’a joué l’Algérie dans cette épopée.
La proclamation d’Alger n’était pas le fruit du hasard. Elle intervenait après un échec sanglant à Tunis, où un raid israélien avait fait près de 70 morts trois ans plus tôt. Le choix d’Alger, qualifiée à juste titre de « Mecque des révolutionnaires », était un hommage à sa lutte libératrice et à son engagement indéfectible pour les causes justes. En accueillant la 19e session extraordinaire du Conseil national palestinien, l’Algérie offrait bien plus qu’un sanctuaire ; elle offrait une tribune à l’espoir. Et dans un geste de solidarité sans ambiguïté, elle devint le tout premier État à reconnaître le jeune État palestinien, établissant des relations diplomatiques complètes un mois plus tard. Cette reconnaissance immédiate n’était pas un simple coup diplomatique ; c’était la concrétisation d’une fraternité de combat.
Cette impulsion algérienne a créé une dynamique irrésistible. En l’espace de trois mois, 90 pays à travers le monde arabe, musulman, asiatique, africain et latino-américain emboîtaient le pas. Aujourd’hui, la légitimité de la Palestine est telle que même des alliés traditionnels d’Israël, comme le Royaume-Uni, la France, le Canada ou l’Australie, ont fini par la reconnaître. Le vote écrasant de la Déclaration de New York pour la solution à deux États en septembre dernier, approuvée par 142 pays contre l’opposition farouche d’une poignée d’entre eux, dont les États-Unis, en est la preuve la plus récente. Cette légitimité internationale croissante est un tribut payé à la résilience du peuple palestinien, mais aussi au travail acharné de diplomates qui, comme l’Algérie, n’ont jamais cessé de porter ce dossier sur la scène mondiale.
Alger abritait la première ambassade de Palestine à l’étranger dans les années 1970. Cette constance se manifeste avec une vigueur renouvelée dans le contexte actuel du génocide à Ghaza, où plus de 65 300 Palestiniens ont été tués. Depuis son siège de membre non permanent au Conseil de sécurité de l’ONU en 2024, l’Algérie a fait de cette enceinte une caisse de résonance pour la détresse palestinienne.
Aujourd’hui, le combat diplomatique continue pour la pleine admission de la Palestine à l’ONU et la concrétisation sur le terrain de la solution à deux États. Le président Abdelmadjid Tebboune ne cesse de le rappeler : « Tout ce qui se dit ici et là est une perte de temps. La solution, c’est l’État palestinien et rien d’autre. »






















