Wassila. B
L’intensification de la coopération entre l’Algérie et l’Allemagne dans le secteur de l’énergie n’est pas une simple nouvelle diplomatique de plus. C’est un signal fort, une démonstration de vision et de pragmatisme économique dans un monde en pleine recomposition énergétique. La récente rencontre à Alger entre le ministre Mohamed Arkab et le secrétaire d’État bavarois Tobias Gotthardt incarne cette dynamique prometteuse et dessine les contours d’un partenariat stratégique pour les décennies à venir. Face aux secousses géopolitiques qui ont bouleversé les approvisionnements en Europe, l’Allemagne, puissance industrielle, a compris la nécessité vitale de diversifier et de sécuriser ses sources d’énergie. Dans cette quête de stabilité, l’Algérie apparaît naturellement comme un partenaire de choix. Forte de ses immenses réserves gazières éprouvées et de son infrastructure de transport déjà existante, elle offre une réponse concrète et immédiate aux besoins allemands. La discussion sur la commercialisation du gaz naturel n’est donc pas un simple retour au passé, mais la fondation d’une confiance renouvelée sur laquelle construire l’avenir. Et cet avenir, les deux parties le voient en vert. La transition énergétique est au cœur des discussions, démontrant une vision partagée des enjeux climatiques mondiaux. Le développement, le transport et la commercialisation de l’hydrogène vert représentent le pilier le plus ambitieux de cette collaboration. Des projets structurants comme le Corridor Sud de l’hydrogène (SoutH2 Corridor) et l’Alliance algéro-européenne (ALTEH2A) ne sont pas de vaines promesses. Ils matérialisent une feuille de route commune pour faire de l’Algérie, dotée d’un immense potentiel solaire et éolien, un hub continental pour la production d’énergie décarbonée. L’engagement de l’État à finaliser un cadre juridique et institutionnel dédié est un signal fort envoyé aux investisseurs allemands. Au-delà des molécules qu’elles soient de gaz ou d’hydrogène, la véritable plus-value de ce partenariat réside dans le transfert de technologie et de compétences. L’accent mis sur la fabrication d’équipements, des électrolyseurs pour l’hydrogène aux unités de dessalement, ainsi que sur la coopération dans l’exploitation et la transformation des mines, notamment le phosphate, indique une volonté de dépasser la simple relation client-fournisseur. L’Algérie aspire à une industrialisation de son secteur énergétique et minier, et l’expertise allemande en ingénierie et en formation est un levier indispensable pour y parvenir. Cette synergie permet à l’Algérie de monter en gamme dans la chaîne de valeur et à l’Allemagne de s’ancrer durablement dans un marché en pleine transformation. L’Allemagne sécurise son approvisionnement et progresse vers ses objectifs climatiques. L’Algérie, quant à elle, optimise ses ressources naturelles, accélère sa transition énergétique et construit une économie post-hydrocarbures plus diversifiée et résiliente. C’est cette vision symbiotique, mêlant pragmatisme économique et ambition écologique, qu’il faut saluer.




















