En cette période de crise qui secoue le secteur de l’automobile, une anarchie indescriptible caractérise nos marchés avec une instabilité des prix dont l’augmentation démesurée fait jaser, à cause de l’interdiction de l’importation des véhicules et la restriction imposée sur le créneau de la pièce de rechange. Une interdiction qui a engendré un commerce informel qui a fleuri ces dernières années, poussé par la forte demande enregistrée de la part des propriétaires de voitures sur ces vendeurs de pièces de véhicules hors usage. A Oran le fief des pièces détachées se situe à haï Nedjma, communément appelé ‘’Chteïbo’’, cette localité relevant de la commune de Sidi Chahmi est un véritable cimetière pour les véhicules accidentés tous types confondus, mais aussi la première destination des propriétaires particuliers de véhicules et même des mécaniciens.

Par : Jalil Mehnane

Nous nous sommes déplacés sur place, où nous avons constaté de près le décor incroyable de carcasses et épaves amassées, des containers et mêmes des garages pleins de voitures et de pièces détachées, avec une affluence remarquable de clients qui viennent même des willayas limitrophes chercher une pièce de rechange pour leurs véhicules en panne. Selon le propriétaire d’une Toyota Yaris rencontré sur place : « Je cherche un parechoc et une pompe à eau pour ma voiture, vous savez, les pièces neuves ce modèle sont devenues très chères et très rares au niveau des magasins des Castors, alors moi je préfère venir ici, trouver une pièce d’origine à moindre coût». Notre interlocuteur ajoutera : « Même ici le prix de la casse a augmenté notamment après l’interdiction de l’importation et la fermeture des usines, mais là au moins on est certain d’avoir la pièce d’origine.».

Un commerce juteux qui échappe à tout contrôle

L’inconvénient, c’est que ces pièces vendues ne seront pas rendues ni remboursées, contrairement aux magasins qui exercent légalement au niveau du quartier des castors, qui eux proposent des garanties et acceptent de changer la marchandise. Cela nous emmène à évoquer le caractère informel de ce marché qui est pourtant très connu au niveau régional. Au souk de la ferraille de Chteibo, petit à petit, ces containers ont été mis en place, les garages et les hawchs se sont transformés en lieu de stockage de toutes sortes de pièces détachées, sans payer le moindre centime aux impôts et aux caisses de la commune. Cette dernière n’intervient presque jamais du côté de la casse, et se contente des ilots qui entourent cet endroit. L’éclairage public et le bitumage des routes sont bien évidemment inexistants, ce qui fait de ce souk un lieu insolite digne des scènes cultes du cinéma américain tournées dans des casses autos. Pourtant, l’Etat peut mettre la main sur ce créneau juteux, le régulariser et renflouer les caisses de la commune qui abrite la casse, en agréant des entreprises professionnelles avec des démolisseurs et autres broyeurs qui gèreront ces lieux sous les normes. Une règlementation qui aidera les hauts responsables de l’Etat dans leurs perspectives de la protection de l’environnement de la pollution qu’engendre ces déchets selon les engagements paraphés par l’Algérie.

Une alternative pour les voleurs de voitures

Autre phénomène que l’Etat peut contrôler à travers la légalisation de la casse de Chteïbo, est le vol de voiture qui a pris de l’ampleur ces dernières années, avec des méthodes plus intelligentes les unes que les autres. En effet, les investigations des services de sécurité les emmènent dans la plupart des cas à des endroits où la vente des pièces de voitures ‘’ferrailles’’ à l’instar de Chteïbo et un degré moins, Hassi Bounif. Selon nos sources, la mafia des vols de voiture, agit immédiatement après le vol, en démontant la voiture en pièces avant de prendre la direction de Chteïbo. Dans ce souk selon des indiscrétions la majorité des pièces de rechange vendues proviennent des voitures volées décortiquées écoulées par un réseau de receleurs qui s’alimente à bas prix auprès des voleurs de véhicules.