Zitouni Mustapha

Depuis l’apparition du phénomène des harragas, nos reporters et notre journal ont depuis suivi toutes les étapes d’évolution de ce phénomène au détriment de l’image du pays et de la vie de nos enfants, quittant de manière illégale et surtout dangereuse le sol natal, pour s’aventurer vers des horizons incertains. La traversée clandestine en mer à partir d’Oran, vers les villes espagnoles, dont celle d’Almeria, se sont multipliées depuis l’été, les départs deviennent quotidiens et massifs. Si cette traversée avec tous les dangers qu’elle comporte a été totalement banalisée, il n’empêche que la demande est sans cesse grandissante et de fait, les passeurs ont revu leurs tarifs à la hausse selon nos sources, parmi les postulants au départ ou ceux au fait de cette tragique situation, qui nous confirment qu’une augmentation de 50.000 dinars est désormais exigée en plus des 30 millions habituels. Cela peut prêter à sourire, mais la tragédie qui se joue à partir de nos eaux territoriales, au nez et à la barbe des autorités, laisse dubitatif, certains parlent d’une forme de suicide, d’autres qualifient cette situation de dramatique du fait que des jeunes enfants du pays fuient en masse vers d’autres horizons, le Secrétaire Général du FLN, parle de «gamins inconscients», alors qu’un sociologue déconnecté de la société, parle lui et selon son analyse, de «jeunes qui fuient la misère.» Des propos de responsables qui ne semblent pas saisir, ni la portée du message et encore moins les raisons de ces traversées clandestines qui en fait, se font de jour comme de nuit et à la demande. Pour revenir aux nouveaux tarifs exigés des harragas, nous avons appris qu’au vu de la demande sans cesse croissante, les passeurs professionnels exigent désormais «35 millions de centimes pour une traversée qui dure entre 03 à 04 heures.» La loi en économie de marché de « l’offre et la demande» semble aussi s’appliquer aux harragas. «Le bénéfice tiré de ces traversées donne le tournis, 1,8 milliard de cts, par traversée.» Mieux encore, ces traversées depuis leur apparition, il y a plus de 15 ans, de nouvelles prestations sont apparues chez les passeurs et leurs passagers, des harragas qui sont déjà arrivés sur le sol espagnol, peuvent désormais, faire le chemin inverse et revenir sur le sol natal à Oran, dans le cas, d’une urgence, ou un besoin de papier, ou autres venait à surgir. Ainsi, nous avons appris après notre immersion dans le milieu très fermé des harragas et des passeurs, que : «des allers et retours peuvent être effectués et les passeurs avec leurs semi rigides VIP, font le plein de passagers en aller et retour d’Oran vers Almeria et d‘Almeria vers Oran.» On nous expliquera que :un immigrant clandestin, sans papier qui veut retourner pour une urgence au bled, a recourt aux services des passeurs en VIP.» Un nouveau service qui enregistre à son tour une forte demande, confient nos interlocuteurs. Le business est tellement juteux qu’il est inutile de faire un dessin, ni être grand stratège comme nous l‘ont confirmé nos interlocuteurs, pour savoir que du côté espagnol, comme du côté algérien, tout le monde trouve son compte en se sucrant au passage, ce qui laisse entendre, qu’avec les centaines de millions qui arrivent chaque jour, nul besoin de se presser, pour trouver une réelle et définitive solution au fléau des harragas. Parallèlement et face au juteux business, une concurrence commence à naître entre les passeurs et de nouveaux bateaux avec cabine et commodités font leur apparition, du High-tech pour une traversée confortable. Des traversées ont déjà été effectuées et ce n’est pas la demande qui manque selon nos sources. L’autre transporteur apparu depuis peu, un Vip mais avec beaucoup plus de passagers, 45, pour faire le plein durant une traversée hebdomadaire, on parle de 40 millions pour un aller simple vers l’Espagne. Le bénéfice tiré de ces traversées donne le tournis, 1,8 milliards de cts, par traversée. Donc le propriétaire de cette embarcation VIP, encaisse, près de 02 milliards par semaine, net d’impôt. Un trafic plus fructueux que celui des drogues, ce qui explique cet engouement pour des traversées dans l’illégalité la plus totale. Ce qui explique également qu’en Espagne, des barons de drogue ont versé dans ce nouveau trafic, rappelons-nous l’affaire qui a été élucidée par la police espagnole à Sebta. Il s’agit de l’affaire de l’arrestation des chefs d’un réseau qui introduisait des Algériens illégalement en Espagne à bord de GO-FATS.