Entretien réalisé par K. Arrache

Chirurgien depuis 1981, Chef de service de chirurgie générale et laparoscopique à l’EHU d’Oran, Sénateur, Boubekeur Mohamed est connu pour son franc-parler et son militantisme pour une médecine de qualité disponible pour tous. Parler avec Boubekeur Mohamed c’est s’embarquer dans une vision généreuse, limpide et pragmatique pour tout ce qui touche l’algérien. Il évoque le dossier qu’il maitrise le mieux, la santé, mais bifurque également sur les sujets de l’heure, la politique, les défis de la nouvelle Algérie, la citoyenneté et la société…       

Dans cet entretien en 03 parties donné à Cap Ouest, Boubkeur Mohamed reviens longuement sur la nécessité de placer le malade au centre des préoccupations et évoque Oran, nouvel pole médical en devenir.    

Cap Ouest : Monsieur Boubekeur aujourd’hui, nous le constatons, les autorités locales et supérieures veulent faire d’Oran un exemple où  la santé est un secteur stratégique à prendre au sérieux. Qu’en est-il réellement ? 

Boubekeur Mohamed : Oui Oran est en train de poser des pas surs et géants vers l’amélioration de son cadre sanitaire. Sans entrer dans les détails je dirais de prime abord qu’une période de zizanie et de laisser-aller ont caractérisé le développement sanitaire, notamment en termes de prise en charge du malade.  Les choses ont pris un tournant des plus sérieux depuis un certain temps. A cette occasion, je tiens à saluer le travail fait par les directeurs généraux des deux plus importantes structures d’Oran, que sont le CHU et l’EHU gérés par deux personnes qui connaissaient bien leurs métiers et aptes en matière de gestion, en l’occurrence feu  M. Mansouri au niveau de l’EHU et M. Bentouaf au niveau du CHU.

Parlons des structures. Nous en avons plusieurs,  nous pouvons citer : hôpital Nedjma 240 lits, hôpital Gdyel 240 lits et l’hôpital des grands brulés 125 lits, l’institut du cancer et l’hôpital de Tlélat 120 lits. On en a pour 900 lits en globalité on peut étendre le nombre à 1000 lits… Alors 1000 lits ignorés c’est vraiment une catastrophe !  Ceci dit il faut savoir que la structure de Nedjma et de Gdyel, réalisées par les turcs ne l’ont pas été d’une façon convenable. Il y avait énormément de réserves, mais en plus de cela, il ne faut pas l’oublier, la non-prise en charge des équipements et de la formation du personnel médical et paramédical. Avec l’arrivée du nouveau directeur de la santé de la wilaya d’Oran, M.Bentouaf qui a une connaissance du secteur à Oran une nouvelle dynamique sera instaurée. Aujourd’hui il ne s’agit pas seulement d’avoir des compétences mais de recentrer les préoccupations. C’est là le principal souci de Monsieur le ministre de la santé avec lequel nous avions discuté et nous nous sommes mis d’accord, à savoir la prise en charge du malade. Cela parait simple, mais c’est cela l’équation d’aujourd’hui : Il n’est plus question de penser structure, il faut penser prise en charge du malade d’une façon convenable, dans des lieux adaptées, en ayant levé les réserves et en y injectant un personnel administratif et un personnel de soin médical et paramédical.

 Nous y travaillons ! et un groupe d’homme, volontaires et compétents ont pris en charge la question. D’ailleurs Il est déjà envisageable d’ouvrir le plus tôt possible les structures, hier encore en jachère.

‘’ Aujourd’hui : Il n’est plus question de penser structure, il faut penser prise en charge du malade d’une façon convenable, dans des lieux adaptées ’’

Cap Ouest : le wali d’Oran a annoncé l’ouverture des hôpitaux des brulés de Nedjma et Gdyel pour au plus tard au début de l’année 2023, pensez vous que cela sera possible ?

Bouebkeur Mohamed :  je tiens à saluer le calme de la population qui est restée sereine, comme celle de Nedjma et de Gdyel qui voient devant eux un hôpital fermé depuis 05 ans et qui attendent son ouverture avec impatience. Ce sera fait inchallah, et dans les normes. Précisons cependant que l’hôpital Nedjma a été ouvert pour la COVID pendant 02 ans grâce aux efforts de M. Mansouri qui était à l’EHU et qui a rattaché cet hôpital, bien sur avec les autorisations et l’aval du ministère.  Je peux vous dire que toutes les réserves seront levées d’ici le mois de mars ou avril prochains. S’agissant des équipements, les marchés ont été signés et les hôpitaux commenceront à être occupés selon un calendrier bien ficelé. Il faut aussi assurer un personnel administratif, que chaque hôpital ait son personnel administratif et ses équipes médicales et paramédicales.

Ces équipes, plus au moins, existent, il faut juste bien les répartir selon une organisation précise. Il y a beaucoup de compétences, beaucoup de praticiens au niveau de la wilaya d’Oran mais mal répartis. Ce travail est celui de la DSP. Il y a des équipes administratives à bien répartir également et qu’il faudrait ramener. C’est vers le mois de mars que l’on constatera le début du changement. En tout les cas, les choses sont pris au sérieux et sont étudiés minutieusement avec le ministère, le wali et la DSP. Tout ceci est pris en charge convenablement.     

 C.O : Les structures de santés ont connu également une grande diversité et un développement certain… 

B. M : bien entendu. Je vous disais que les structures connaissent aujourd’hui un début de suffisance mais qu’il faudrait préserver. Je dois évoquer l’hôpital des grands brûlés, réalisé dans la commune de Sidi Chami qui devait ouvrir il y’a peu de temps. Cet hôpital qui a été inauguré par l’ancien ministre de la santé M. Benbouzid et qu’on avait fait inauguré par le Président de la République alors qu’il s’agissait d’une structure avec plein de réserves qui n’était même pas raccordé ni à l’eau ni à l’électricité. Aujourd’hui l’hôpital est pris en charge d’une manière convenable grâce aux énergies et engagements de personnes impliquées et consciencieuses. L’ouverture est également prévue pour mars prochain. Par ailleurs, il y a un peu plus d’une semaine a été ouvert le premier centre de médecine hyperbare, une structure d’oxygénothérapie, la première du genre en Algérie. Ce centre de 08 à 10 lits peut contenir 02 chariots ou bien 12 personnes et permet d’offrir des services non pas uniquement aux infectieux, mais également pour les ulcères, les noyades et pour les brulés. C’est une vraie fierté pour Oran. Evoquons également l’institut du cancer. Cela veut dire que nous allons aussi vers la recherche. C’est un institut grandiose. Et puis n’oublions pas les structures annexes, que l’on connait tous, complètement délaissées par le passé. Aujourd’hui, dans les différents quartiers, les hôpitaux de proximité, les polycliniques et salles de soins sont pris en charge, que ce soit à Misserghine ou à Arzew. Bien sûr il faut un peu de temps, mais grâce à la volonté des hommes il y aura réussite. Le défi sera relevé.

Aujourd’hui ma conclusion est la suivante : Oran est prise en charge d’une façon convenable par les autorités. Je suis optimiste. Tout cela pour dire que la Wilaya d’Oran est en train de sortir de l’ornière. Sa santé, progressivement, s’améliore. C’est le grand espoir d’Oran. Oran deviendra un pole médical. Oran sera un pole extraordinaire et une grande métropole.

C.O : une Wilaya qui met les bouchées double pour arriver à satisfaire cette demande pressante d’amélioration du secteur de la santé mais également pour se hisser au rang de métropole !

B.M : oui surtout avec la venue du wali M. Said Sayoud qui est quelqu’un de très volontaire, qui travaille avec une vision extraordinaire à court, moyen et long terme et qui veut absolument développer Oran. Il veut qu’Oran soit une métropole reconnue et qu’elle soit la façade sud de la méditerranée, avec les modernités qui vont avec. D’ailleurs nous l’encourageons avec les élus pour aller de l’avant. Nous sommes d’accord avec ce qu’il entreprend. Puisque nous parlons de santé, parlons hygiène. La saleté caractérisait Oran il y a de cela pas longtemps. Nous constatons aujourd’hui une nette amélioration de la situation, et pourtant ce n’est pas le boulot du wali, c’est celui des APC mais il a compris qu’il fallait taper du poing, qu’il fallait brusquer les gens et les responsables. Il sait gérer les hommes. Il est également sensible à l’environnement urbanistique et nous constatant une amélioration de ce coté également. N’oublions pas aussi son grand apport à la réussite des jeux méditerranéens, où en un temps record il a pu mobiliser les énergies et a su reprendre les travaux qui étaient soient au ralenti soit carrément bloqués. Il a su gérer avec les hautes autorités du pays avec le budget qu’il faut et la simulation des personnes à réaliser les structures qu’il faut dans les délais qu’il faut. Il y avait également l’épineuse question de ramener les équipements nécessaires, ce n’était pas facile surtout si l’on sait que l’on sort à peine d’une crise mondiale du au COVID et à d’autres facteurs. Pendant ces jeux on a pu constater qu’Oran avait déjà les aspirations et la stature de la métropole.

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