Wassila. B
Sous l’impulsion du Président Tebboune, l’Algérie modernise son agriculture. Après les grandes décisions prises par le chef de l’État pour développer la céréaliculture visant à assurer l’autosuffisance et la sécurité alimentaire, place à l’innovation. C’est le cas de la culture maraîchère et notamment la filière de la pomme de terre dont la demande ne cesse d’augmenter. Alors que la consommation atteint annuellement 100 kilos par habitant, la production locale est confrontée au défi de la disponibilité des semences. Chaque année, la filière a besoin de 450.000 tonnes de semences. Des centres de recherche se sont lancés dans la conception de vitro-plants, des pommes de terre cultivées dans des tubes de verre. Une technologie aujourd’hui maîtrisée en Algérie. Le ministre de l’Agriculture, Youcef Cherfa, a visité récemment les laboratoires d’Agrodev. Installée à Guellal (Sétif) depuis 2017, cette filiale du groupe public Gvapro a pour mission d’approvisionner le marché local en semences. Dans les laboratoires et serres visitées par le ministre, des dizaines de milliers de plants de pomme de terre sont cultivés dans des tubes puis repiqués sous serre. À l’abri des pucerons potentiellement vecteurs de maladies, ces minuscules plants permettent la production de minitubercules. Replantés à leur tour, ceux-ci assureront les futures semences tant recherchées par les agriculteurs. Le poste semences représente la part la plus élevée de leurs charges. La production locale a déjà permis une réduction des importations. Celles-ci atteignent encore 120.000 à 150.000 tonnes pour une valeur de 90 à 100 millions de dollars. Gvapro indique que depuis 2019, l’Algérie n’importe que 20 % en semences de pomme de terre, le reste est produit localement avec des moyens entièrement algériens. Pour Nacera Traboulssi, la directrice d’Agrodev, le passage des capacités actuelles de production de 800.000 mini-tubercules à 1,5 million permettrait à l’Algérie une autosuffisance en la matière. Lors de sa visite, le ministre a demandé que soient utilisées les capacités des fermes pilotes. À Guellal, la production de semences est réalisée à partir du matériel génétique appartenant à des entreprises hollandaises et françaises. Ce sont les obtenteurs des variétés Spunta et Désirée, des cultivars très recherchés par les agriculteurs. Il y a toutefois un petit handicap concernant les variétés protégées par des brevets qu’on ne peut produire chez nous qu’en payant des royalties. Une alternative est proposée par le laboratoire de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) de Sebaïne (Tiaret), celle de la production de variétés locales. Une sélection possible en utilisant du matériel génétique fourni dans le cadre de la coopération avec des organismes internationaux. Déjà à Sebaïne, Ahmed Zebar, le directeur du laboratoire, revendique l’inscription au catalogue national de 12 variétés de pomme de terre. La mise en œuvre d’une agriculture réellement durable, nécessite de pouvoir contrôler la qualité des systèmes de production et de rémunération de la filière agricole.