Wassila. B

 

Le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Youcef Cherfa, a ordonné, hier, le déstockage de la pomme de terre afin de stabiliser les prix de ce produit de large consommation et barrer la route aux spéculateurs. Les prix de la pomme de terre ont flambé d’une façon vertigineuse ces derniers temps. Lors de sa visite  dans la wilaya d’Ain Defla, le ministre en charge du secteur a mis en garde contre toute pratique abusive et a donné des instructions pour que tous les stocks de pomme de terre soient totalement vidés, notamment lors de l’intervalle entre la production saisonnière et non saisonnière. Outre la préservation des revenus des producteurs, ce système de déstockage a pour objectif de stabiliser l’approvisionnement du marché de ces produits. L’opération de déstockage est effectuée pendant la période dite «de soudure», c’est-à-dire lorsque la récolte de la pomme de terre fraîche commence à diminuer sur les parcelles, afin d’assurer l’approvisionnement régulier du marché. L’entrée sur le marché de la pomme de terre d’arrière saison a débuté fin novembre et s’est poursuivie jusqu’à ce mois d’avril. En novembre dernier, l’Office national interprofessionnel des légumes et des viandes (ONILEV) a effectué un déstockage de 30.000 tonnes de pomme de terre. Alors que la consommation atteint annuellement 100 kilos par habitant, la production locale est confrontée au défi de la disponibilité des semences de pomme de terre. Chaque année, la filière a besoin de 450.000 tonnes de semences. Des centres de recherche se sont lancés dans la conception de vitro-plants, des pommes de terre cultivées dans des tubes de verre. Une technologie aujourd’hui maîtrisée en Algérie. Le ministre de l’Agriculture, Youcef Cherfa, a visité récemment les laboratoires d’Agrodev. Installée à Guellal (Sétif) depuis 2017, cette filiale du groupe public Gvapro a pour mission d’approvisionner le marché local en semences. Dans les laboratoires et serres visitées par le ministre, des dizaines de milliers de plants de pomme de terre sont cultivés dans des tubes puis repiqués sous serre. À l’abri des pucerons potentiellement vecteurs de maladies, ces minuscules plants permettent la production de minitubercules. Replantés à leur tour, ceux-ci assureront les futures semences tant recherchées par les agriculteurs. Le poste semences représente la part la plus élevée de leurs charges. La production locale a déjà permis une réduction des importations. Celles-ci atteignent encore 120.000 à 150.000 tonnes pour une valeur de 90 à 100 millions de dollars. Gvapro indique que depuis  2019, l’Algérie n’importe que 20 % en semences de pomme de terre, le reste est produit localement avec des moyens entièrement algériens. Pour Nacera Traboulssi, la directrice d’Agrodev, le passage des capacités actuelles de production de 800.000 mini-tubercules à 1,5 million permettrait à l’Algérie une autosuffisance en la matière. À Guellal, la production de semences est réalisée à partir du matériel génétique appartenant à des entreprises hollandaises et françaises. Ce sont les obtenteurs des variétés Spunta et Désirée, des cultivars très recherchés par les agriculteurs. Il y a toutefois un petit handicap concernant les variétés protégées par des brevets qu’on ne peut produire chez nous qu’en payant des royalties. Une alternative est proposée par le laboratoire de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) de Sebaïne (Tiaret), celle de la production de variétés locales. Une sélection possible en utilisant du matériel génétique fourni dans le cadre de la coopération avec des organismes internationaux. Déjà à Sebaïne, Ahmed Zebar, le directeur du laboratoire, revendique l’inscription au catalogue national de 12 variétés de pomme de terre.