Le prix du sardine s’envole  – Un produit populaire devenu un luxe pour les ménages oranais 

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Sarah M 

Alors que l’été bat son plein, avec des conditions climatiques idéales pour la pêche, les prix des produits de la mer atteignent des sommets inédits, au grand désarroi des consommateurs. En tête de liste, le sardine, longtemps considéré comme le « poisson du pauvre », se vend désormais à près de 1 000 dinars le kilogramme sur les étals, une hausse qui suscite colère et incompréhension.

Dans un contexte économique marqué par baisse du pouvoir d’achat, cette flambée des prix prive de nombreux foyers oranais de ce poisson qui faisait autrefois partie intégrante de leur alimentation hebdomadaire. « Même en plein été, quand le produit devrait être abondant et donc moins cher, la sardine reste hors de portée », s’indigne un père de famille rencontré au marché d’Oran. Un constat partagé par d’autres consommateurs qui peinent à comprendre les raisons d’un tel dérapage tarifaire.

Le phénomène ne se limite pas à la sardine. Le merlan, le rouget, le merlu ou encore la crevette affichent eux aussi des prix exorbitants, rendant ces produits quasiment inaccessibles pour les classes moyennes et les ménages à revenu modeste. Pour beaucoup, cette situation est le résultat d’un marché livré à lui-même, où les pratiques spéculatives prolifèrent en l’absence de régulation rigoureuse. « Il n’y a aucun contrôle réel sur les prix. La spéculation est devenue la norme », déplore un consommateur régulier.

Du côté des professionnels de la pêche, les explications se concentrent sur l’explosion des coûts de production. Carburants, huiles spécifiques pour moteurs marins, filets, pièces détachées importées… tout est en hausse. À cela s’ajoute, selon eux, une baisse des quantités pêchées par rapport aux années précédentes, ce qui limiterait l’offre sur les marchés. Des justifications qui peinent cependant à convaincre l’opinion publique, pour qui la sardine, très présente sur les côtes, devrait rester un produit accessible.

Face à cette crise, plusieurs experts en économie, pêche et agriculture appellent à des mesures urgentes : intensifier les contrôles, combattre la spéculation et revoir les mécanismes de distribution. Ils plaident notamment pour un meilleur encadrement de la chaîne de commercialisation, en favorisant la vente directe du producteur au consommateur. D’autres proposent la création de marchés régionaux spécialisés, à l’image des marchés de gros pour les fruits et légumes, où les prix seraient régulés.

En attendant des réponses concrètes, les familles oranaises continuent de subir cette hausse incontrôlée des prix, voyant se transformer un aliment populaire en un luxe. La sardine, autrefois incontournable sur les tables, s’est éclipsée peu à peu du quotidien des citoyens, victime d’un marché déséquilibré et de mesures de régulation insuffisantes.