Interview réalisée par Djamila M.
Le service de gynécologie et d’obstétrique de l’établissement hospitalo-universitaire 1er Novembre 1954 à Oran figure parmi les plus vastes et reconnus de l’ouest algérien. Il joue un rôle clé en tant que centre régional de référence, alliant soins spécialisés, formation académique et recherche scientifique. Chaque année, ce service assure la prise en charge de milliers de naissances, incluant de nombreux cas complexes à risque élevé. Pour mieux saisir le fonctionnement de ce service, ses principaux défis et ses projets d’avenir, nous avons rencontré Moulay El Hadj, son chef, qui nous a présenté un panorama complet des activités, des services proposés et des efforts déployés pour améliorer la santé des femmes.
Cap DZ: Pouvez-vous nous donner un aperçu général du service de gynécologie et d’obstétrique de l’établissement ?
Moulay El Hadj : « Notre service est l’un des plus grands et des plus importants services de maternité dans l’ouest algérien. Il dépend d’un établissement universitaire à vocation hospitalière et éducative. Nous fournissons des soins de santé aux femmes à différents stades de leur vie reproductive, incluant obstétrique, chirurgie gynécologique, suivi des grossesses à haut risque, en plus de l’activité pédagogique et scientifique. »
Cap DZ: Quelles sont les spécialités et les services principaux offerts aux patientes ?
Moulay El Hadj : « Nous offrons des services complets comprenant les urgences obstétricales, le suivi des grossesses à haut risque (diabète, hypertension, grossesses multiples…), la chirurgie gynécologique (cancéreuse et non cancéreuse), la médecine de la reproduction et le suivi des cas d’infertilité en collaboration avec des unités spécialisées, l’échographie avancée, ainsi que l’organisation de journées d’information et de sensibilisation à destination des femmes et de la société civile. »
Cap DZ: Quels sont les principaux accomplissements réalisés ces dernières années ?
Moulay El Hadj : « Parmi les plus remarquables, on peut citer l’amélioration des parcours de prise en charge des cas d’urgence, l’intégration de nouvelles techniques en chirurgie et endoscopie, le développement de l’unité de médecine de la reproduction et du suivi de l’infertilité, le renforcement de la formation continue des praticiens, ainsi que la réalisation de recherches scientifiques publiées dans des revues nationales et internationales. »
Cap DZ: Quel est le nombre annuel de naissances enregistrées dans le service ?
Moulay El Hadj : « Pour la période allant de janvier à juin, près de 400 naissances ont été enregistrées, dont 210 par césarienne et environ 160 accouchements naturels, incluant une proportion considérable de cas à haut risque, avec environ 160 césariennes en urgence, ce qui reflète le volume d’activité et l’expertise accumulée de l’équipe médicale et paramédicale. »
Cap DZ: Le service prend-il en charge des cas venant d’autres wilayas que celle d’Oran ?
Moulay El Hadj : « Oui, le service reçoit des patients adressés par les wilayas voisines, en particulier pour des cas complexes ou nécessitant une prise en charge spécialisée de haut niveau. »
Cap DZ: Quelles mesures sont prises pour garantir la sécurité de la mère et du fœtus pendant l’accouchement ?
Moulay El Hadj : « Nous appliquons des protocoles rigoureux de surveillance avant, pendant et après l’accouchement. Nous offrons une surveillance cardiaque continue, des analyses biologiques urgentes, ainsi qu’un accompagnement psychologique si nécessaire. Des réunions d’évaluation internes régulières sont réalisées pour améliorer la qualité. »
Cap DZ: Comment gérez-vous les cas critiques et complexes ?
Moulay El Hadj : « Nous suivons des protocoles basés sur les preuves scientifiques et recommandations internationales. Nous disposons d’une équipe pluridisciplinaire comprenant anesthésistes-réanimateurs, chirurgiens, néonatologistes. Une évaluation rapide et une prise de décision adéquate sont assurées pour minimiser les complications. »
Cap DZ: Comment évaluez-vous la prise en charge de la femme enceinte en Algérie en général ?
Moulay El Hadj : « La prise en charge s’est nettement améliorée ces dernières années, notamment grâce à la couverture médicale gratuite, mais des défis subsistent, notamment en termes de coordination entre les divers niveaux de soins, développement du transport médical d’urgence et amélioration de l’accès aux soins spécialisés dans les zones reculées. »
Cap DZ: Quels sont les principaux défis actuels du service ?
Moulay El Hadj : « Parmi les principaux défis : la forte pression liée au nombre de cas, la nécessité d’améliorer les infrastructures et les ressources humaines, surtout à certaines périodes, ainsi que le renforcement des mécanismes de suivi après l’accouchement. »
Cap DZ: Y a-t-il des projets de développement ou de modernisation du service à court terme ?
Moulay El Hadj : « Oui, il y a des projets en étude pour agrandir certaines unités, moderniser les salles d’opération, et intégrer des systèmes numériques pour la gestion des dossiers médicaux. Nous espérons leur réalisation prochaine grâce au soutien de l’administration et des autorités compétentes. »
Cap DZ: Quel est le niveau d’équipement médical moderne dans le service ?
Moulay El Hadj : « Heureusement, nous disposons de certains équipements modernes pour l’échographie, la surveillance du fœtus et la chirurgie endoscopique, mais nous cherchons à renouveler progressivement d’autres appareils afin d’assurer une qualité optimale des soins. »
Cap DZ: Quel est le niveau de formation des médecins et internes dans votre service ?
Moulay El Hadj : « Nous veillons à une formation qualitative combinant théorie et pratique. Les internes effectuent des rotations dans différentes unités, participent à des séminaires et ateliers pratiques, et nous encourageons leur participation à des congrès et colloques. »
Cap DZ: Comment le service contribue-t-il à la formation des étudiants en médecine à l’Université d’Oran ?
Moulay El Hadj : « Nous sommes un service universitaire par excellence, accueillant des étudiants en deuxième et troisième cycle (Master et spécialités médicales). Nous supervisons les stages cliniques, les séminaires scientifiques, et participons à l’encadrement académique ainsi qu’aux thèses de doctorat en médecine. »
Cap DZ: Y a-t-il des partenariats avec des institutions nationales ou internationales pour développer le service ?
Moulay El Hadj : « Oui, nous maintenons un contact permanent avec des institutions universitaires et hospitalières nationales et internationales, pour la formation, les jumelages et l’échange d’expertise. »
Cap DZ: Quelle est votre vision et quels sont vos projets pour le développement du service dans les années à venir ?
Moulay El Hadj : « Nous aspirons à faire de ce service un centre de référence national pour la maternité à haut risque, en intégrant les dernières technologies, en élargissant les espaces thérapeutiques et pédagogiques, et en renforçant la coopération en recherche et les partenariats internationaux. »