L’exploit de la première voiture électrique 100 % algérienne

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Wassila. B

L’annonce du ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Kamel Baddari, marque une étape symbolique : en mars 2026 sera dévoilé le premier prototype de voiture électrique conçue et fabriquée en Algérie. Plus qu’un jalon technologique, cette perspective incarne l’ambition d’un pays de s’affirmer dans un domaine hautement stratégique, où se joue l’avenir industriel et écologique des nations. Initialement attendu en 2025, le prototype verra finalement le jour un an plus tard. Mais dans un domaine aussi complexe, où se conjuguent recherche fondamentale, ingénierie, électronique et filières industrielles, chaque mois de gestation compte. La prudence et le réalisme doivent prévaloir sur la précipitation. Le passage de la recherche à l’innovation, puis à la production, exige un écosystème robuste, des partenariats solides et des compétences diversifiées. Ce prototype annoncé n’est pas une simple curiosité technologique. Il s’inscrit dans une stratégie plus large, celle de la souveraineté scientifique et industrielle. Le ministre l’a rappelé : le programme de recherche est aligné sur les priorités vitales du pays – sécurité alimentaire, énergétique, hydrique et sanitaire. Dans ce cadre, la mobilité électrique représente à la fois un défi et une opportunité. Défi, parce qu’elle suppose des investissements colossaux, une planification de long terme et une volonté politique constante. Opportunité, parce qu’elle peut placer l’Algérie sur la carte des pays innovants, capables de transformer leurs ressources naturelles et leurs talents en produits exportables. Les premiers signaux sont encourageants. Le développement de puces électroniques locales, la mobilisation d’un consortium réunissant le Centre de recherche en technologies industrielles (CRTI) et des industriels, ou encore l’implication de spécialistes de renommée mondiale comme Karim Zaghib témoignent d’une dynamique réelle. Zaghib, expert international de la batterie électrique, n’hésite pas à affirmer que la réalisation d’une voiture électrique 100 % algérienne est « à la portée du pays ». Ce discours, venant d’un scientifique reconnu au Canada et impliqué dans le développement de la filière lithium algérienne, conforte l’idée que l’Algérie dispose des atouts humains et miniers nécessaires pour franchir ce cap.

Cette voiture électrique, aussi prometteuse soit-elle, constitue un premier pas. Il faudra ensuite créer une chaîne de valeur complète : batteries produites localement, infrastructures de recharge, réseau de distribution, et surtout un marché intérieur capable d’absorber les premières séries. C’est pourquoi la transparence, la coopération avec les compétences de la diaspora et l’ancrage dans une stratégie nationale cohérente seront décisifs.

Le rendez-vous de mars 2026 ne devra donc pas être vu comme une fin en soi, mais comme un point de départ. L’Algérie joue là une partie de son avenir économique, scientifique et écologique. Réussir cette mutation, c’est prouver qu’un pays en développement peut se hisser, par l’audace et le savoir, à la hauteur des grands défis technologiques de notre temps.