Wassila. B
La visite du ministre espagnol de l’Intérieur, Fernando Grande Marlaska, à Alger, reçue au plus haut niveau par le président Abdelmadjid Tebboune et son homologue algérien Saïd Sayoud, marque un tournant décisif dans les relations entre l’Algérie et l’Espagne. Au-delà des symboles diplomatiques, cet échange scelle le retour à un dialogue franc et productif entre deux pays liés par l’histoire, la géographie et des défis communs. Au cœur de cette relance, le rôle de M. Saïd Sayoud, ministre de l’Intérieur et des Transports, aura été déterminant. Avec méthode et talent, le ministre algérien a réussi à instaurer un climat de confiance, loin des postures et des arrière-pensées politiques. En plaçant la coopération sécuritaire et migratoire sur un terrain de responsabilité partagée, il a su rappeler que la Méditerranée doit rester un espace d’équilibre et de solidarité.
« L’Algérie n’utilise pas la carte de la migration irrégulière comme moyen de pression ou de chantage politique », a tenu à préciser M. Sayoud. Cette déclaration, limpide et courageuse, vise à remettre les pendules à l’heure vis-à-vis d’une Europe parfois prompte à confondre fermeté et instrumentalisation. L’allusion à certaines pratiques régionales, bien connues, n’a échappé à personne : l’Algérie ne joue pas avec la détresse humaine. En chiffres, cette responsabilité se traduit par des résultats concrets : plus de 100 000 migrants ont été empêchés d’atteindre l’Afrique du Nord depuis 2024, dont 82 000 reconduits dans leurs pays d’origine. L’Algérie ne se contente pas de sécuriser ses frontières ; elle agit avec discernement, dans une approche « humaine » et « responsable » du phénomène migratoire. Les propos de l’ambassadeur d’Algérie à Rome, Mohamed Khelifi, confirmant que les départs vers le sud de l’Italie ont été réduits à « presque zéro », témoignent d’une efficacité que beaucoup reconnaissent. Après deux années de crispation diplomatique, la normalisation avec Madrid apparaît désormais comme un succès diplomatique et politique à mettre au crédit de la vision équilibrée du président Tebboune et de la diplomatie active du ministre Sayoud. L’Algérie tend la main à ses partenaires européens, mais exige en retour respect et cohérence. La coopération, oui, mais sur un pied d’égalité, sans ton comminatoire ni soupçon d’ingérence. Si la relation avec la France demeure entravée par une politisation excessive du débat migratoire, notamment autour des reconduites, c’est parce que certains préfèrent instrumentaliser les flux humains plutôt que de traiter leurs causes. L’Algérie, elle, fait la part des choses : distinguer la technique du politique, la gestion du symbole, la coopération du rapport de force. En recevant son homologue espagnol dans un climat d’écoute et d’entente, Saïd Sayoud a envoyé à l’Europe un message fort : l’Algérie est un partenaire fiable, lucide et digne. Elle défend ses intérêts sans arrogance, mais avec constance. Et dans une Méditerranée en quête d’équilibre, cette posture mérite plus que le respect, elle inspire la confiance.






















