KAID OMAR
Depuis quelques jours déjà, en pleine saison estivale, la mercuriale ne cesse de connaitre des fluctuations à un rythme infernal dans l’affichage des prix des fruits et légumes offerts aux milliers de consommateurs qui ont élu domicile le long des localités de la corniche oranaise, plus particulièrement à Aïn El Türck. Et si le touriste de saison fait ses emplettes sans se soucier de la gamme des fruits et légumes de base, il se pose des questions quand à l’ardoise affichée pour la sardine à pas moins de 600 da. Une coïncidence à contre-courant du thermomètre de la chaleur qui sévit depuis le début du mois de juillet en cours tout le long du littoral. Malgré que l’offre de la production soit nettement supérieure à la demande requise, notamment pour les fruits de mer, le consommateur quand à lui reste médusé, pantois et impuissant face au diktat imposé par la corporation des producteurs, à tous les paliers du circuit, du marin pêcheur jusqu’au détaillant, sont minés. Une véritable organisation mafieuse, sans scrupules, a fait main basse sur ces créneaux, toujours prête à assouvir ses tentations et à activer ses tentacules, pour priver le pauvre consommateur qui restera toujours sevré, loin de faire plaisir à ses envies.
Les prétextes de la maffiade la mer
Les raisons de cette cherté des prix est due essentiellement aux manœuvres “criminelles” d’armateurs qui, pour mieux renflouer leurs caisses, à la destruction systématique, au large de la mer, de plus de la moitié de la production, au seul objectif de maintenir le déséquilibre “production – consommation” et ainsi stabiliser les fluctuations qui en découlent. Le simple citoyen, ignorant les faits avale la pilule en acceptant les motifs justifiant les prétextes avancés par la pègre du marché du poisson comme quoi les rendements et la production halieutiques sont en nets reculs. Il en a résulté une envolée des prix à la consommation jamais égalée auparavant. La sardine est devenue presque inabordable pour les petites bourses. Quant au poisson blanc, il est devenu un luxe pour des pans entiers de la population. Devant cette extrême cherté des poissons bleu et blanc, la Fédération de protection du consommateur, n’a pas hésité pour cibler la spéculation comme étant responsable de la hausse vertigineuse des prix. Ce à quoi ont riposté les présidents de chambre de la pêche, à chacune de leur sortie médiatique, en lançant : «Un bouc émissaire facile. C’est bel et bien la faiblesse des prises à répétition qui a rendu le poisson aussi cher» et de poursuivre : «Les sorties en mer des marins pêcheurs se soldent souvent par de très faible prises. Les quelques cageots débarqués une fois dans leur embarcation à quai sont vite achetés à prix forts.» Et de signaler : «Ils faut aller chercher le poisson ailleurs que dans les zones traditionnelles de pêche. Selon les experts du créneau, la mesure d’interdire la pêche pendant quatre mois vise avant tout à contrôler le niveau de pêche et du régime d’exploitation appliqué en stock, de façon que l’exploitation soit adéquate pour garantir une utilisation durable des ressources. En clair, le repos biologique est nécessaire car il permet de protéger le frai (ponte et croissance des larves assurées).
La pollution marine, l’autre contrainte
Concernant la pollution de la mer par les eaux usées, presque toute la côte est atteinte par ce phénomène. Pour preuve, l’industrie nationale est située presque entièrement sur le littoral. Toutefois, aucune mesure de réglementation de la pêche n’atteindra ses objectifs si l’on ne remplit pas la condition et si les professionnels ne sont pas convaincus du bien-fondé de la mesure du repos pélagique qui est nécessaire et bénéfique. Dès lors et en supposant que la réglementation soit appliquée à la lettre, il restera, pour arriver à des niveaux de pêche appréciables de se prémunir contre la pollution marine et de gérer au mieux les effets du changements climatique. Une pollution est de plus en plus menaçante avec le déversement de toutes les eaux usées et les résidus fluides des grandes régions côtières (Oran, Alger, Annaba, Skikda, Arzew..). Ce qui, par voie de conséquence, engendre une forte pression sur nos ressources marines. Pis, des décharges publiques en bordure de mer ont fait leur apparition, ce qui ne peut que susciter de l’inquiétude sur l’avenir de notre littoral. Outre l’action humaine (pollution industrielle et démographie), nos richesses marines sont menacées également par une pollution biologique. Elle proviendrait de certaines algues, notamment la «caulerpa taxifolia», surnommée l’algue tueuse ou la peste verte des fonds marins. Elle a été signalée sur les côtes tunisiennes, une algue tropicale originaire du sud de l’Australie. Elle se répand au détriment des herbiers marins qui alimentent le poisson au point de causer la mort des poissons du littoral. Autre constat de terrain, c’est le faible taux d’exploitation actuellement appliqué sur les eaux territoriales. En effet, les statistiques sont là pour prouver que la production enregistrée ne représente que le 1/3 de la biomasse ou potentialités à exploiter. Un écart qu’il faut ajouter aux véritables raisons de la cherté du poisson sur les étals. C’est, donc, un chantier important qui attend tous les acteurs du secteur de la pêche avec ce leitmotiv : produire plus et protéger nos ressources halieutiques. Tout autant que l’organisation du secteur, notamment son volet de distribution.