Wassila. B

La commémoration du 63e anniversaire du 11 décembre 1960 est une occasion pour se remémorer des manifestations organisées pour l’indépendance de l’Algérie. Des centaines de manifestants sont tombés au champ d’honneur, tués par l’armée coloniale. Cette commémoration rappelle aussi les crimes perpétrés parmi lesquels figurent les «enfumades» de Mostaganem. Chargé de réprimer la récolte de l’émir Abdelkader à partir de 1836, le tristement célèbre maréchal Bugeaud nommé gouverneur de l’Algérie, en 1841, a ordonné les «enfumades» de sinistre mémoire des populations de Mostaganem. Ces inhumaines «enfumades» ont été commises par l’armée française en 1844 et 1845. Des tribus entières, dont des femmes et des enfants réfugiés dans des grottes près de Mostaganem, ont été asphyxiées par les fumées des feux allumés par ceux qui prétendent «venir apporter la civilisation». La France va-t-elle enfin «déboulonner» le maréchal Bugeaud, l’un des criminels du passé colonial ? À Paris, la mairie envisage de débaptiser l’avenue Bugeaud, du nom du maréchal connu pour ses exactions pendant la colonisation de l’Algérie. Le projet fait toutefois face à l’opposition de la droite. La statue de Bugeaud trône au centre de Paris depuis 170 ans. Elle a été érigée par Napoléon III en 1853 en hommage à cet officier pour, peut-on encore aujourd’hui lire sur le piédestal, son rôle dans la «pacification de l’Algérie». La mairie de Paris a entendu les multiples appels à débaptiser la rue qui porte son nom. La maire socialiste Anne Hidalgo a dévoilé le projet le 22 novembre dernier et son adjointe à la mémoire, Laurence Patrice, a annoncé que la mesure fera l’objet d’un «vœu symbolique» lors du prochain Conseil municipal à la mi-décembre. En employant des «méthodes criminelles et inhumaines» en Algérie, Bugeaud s’est «rendu coupable de crime de guerre», a indiqué la mairie de Paris dans une déclaration à l’AFP. Le nouveau nom que la mairie envisage de donner à l’avenue Bugeaud est celui d’un résistant français, Hubert Germain. En octobre dernier, Jean-Michel Aphatie et Olivier Le Cour Grandmaison, respectivement journaliste et politologue anticolonialistes, ont publié dans le journal Le Monde une tribune intitulée: «À Paris, comme dans les autres villes concernées, la glorification du maréchal Bugeaud n’a que trop duré», dans laquelle ils ont rappelé les crimes du maréchal et ont appelé à la débaptisation des rues qui portent son nom et au déboulonnage des statues à son effigie. Le long et dur combat pour l’indépendance a duré 132 ans de massacres arbitraires. L’armée coloniale a débordé en barbarie, de spoliations générant des famines, des misères et d’innombrables crimes contre l’humanité. Durant la longue nuit coloniale, seul un enfant algérien sur dix était scolarisé. La colonisation est aussi les massacres de Sétif, Guelma et Kherata en 1945, puis au nord constantinois en 1955.