Réalisé par H. Nacera

Afin de ne pas oublier et être profondément dans la mémoire nationale, notre quête nous a conduits au quartier Traversa sis à Bir El Djr et où demeure l’héroïque Moudjahid Ben Ayad Kadour, ancien condamné à mort et l’un des fondateurs de l’Association nationale des anciens combattants. Cette visite se voulait tout d’abord de courtoisie afin de s’enquérir sur sa santé suite à un malaise, et puis, ne pas manquer de tirer les enseignements de l’un des héros de la révolution algérienne et effectivement, notre père Moudjahid nous l’a résumé en quelques mots : « Ceci est votre nouvelle Algérie, vous devez la servir et la célébrer… l’Algérie pour les algériens ».
Alors que nous visitions la modeste demeure du héros de la révolution algérienne, nous somme attirés par les innombrables photos historiques accrochées aux murs de sa demeure. Une longue histoire de hauts faits. Ami Ayad, nous l’avons trouvé cloué au lit, ce qui ne l’a pas empêché de nous accueillir, en remarquant notre présence, affichant une force qui découle de son amour pour la patrie algérienne. En dépit de sa voix empreinte de fatigue, il a tenu à nous raconter un pan d’un passé glorieux de l’histoire de la révolution qu’il a vécu avec ses camarades à Oran, sous domination coloniale. La France d’alors, rêvait d’une « Algérie française », mais c’était compter sans la détermination des algériens. Bien que âgés de moins de 18 ans, grâce à une foi inébranlable, et à une flamme révolutionnaire inculquées dès l’enfance, ils ont répondus à l’appel de la patrie et ont rejoint les rangs de l’Armée de libération nationale.
Des archives qui racontent la vie du père héros depuis qu’il a rejoint les rangs des révolutionnaires jusqu’aux opérations exécutées
Le Moudjahid Ben Ayad, nous remonte dans le temps où il n’était âgé que de 17 ans, lorsqu’il a décidé de rejoindre les rangs de l’ALN après qu’il a eut vent de la bataille de Sidi Ghalem et de l’arrestation du martyr Ahmed Zabana (Que Dieu ait son âme). « Mon ami et moi cherchions un lien qui nous mènerait aux moudjahidines pour les rejoindre, commence-t-il à relater d’une voix clame, et, non sans difficulté, nous l’avions trouvé. Décidés à nous sacrifier, même si cela devait nous coûter nos vies. Nous avions suivis une formation aux maniements des armes et des grenades. Notre foi, a également été testée, si nous étions capables de sacrifier nos vies. Nous avions alors été chargés mon compagnon et moi-même de faire des rondes des boites de nuits et autres bars. Nous avions alors repérés un club, très fréquenté par les espagnoles et les militaires français et y avions jeté des grenades. Une femme étrangère m’a vu et demandé à ses fils de me poursuivre, mais mon compagnon m’a sauvé d’eux après qu’il leur ait tiré dessus… nous nous sommes dirigés ensuite vers Ras El Ain où, nous primes un bain. En dépit d’une vaste opération de recherche, l’armée française ne nous a pas trouvés. Le Moujahid Ben Ayad, prend une pause avant de poursuivre, « Le jour suivant, les soldats français ont capturé une personne qu’il ont torturé au fer à repasser, mais la femme étrangère leur avait dit qu’il ne s’agissait pas de celle qui avait fait exploser le club ».
Ben Ayad Kadour, se rappelle encore d’un autre martyr Mohamed Ould Ali, en l’occurrence. Ce dernier les a rejoint à Ras el Ain à bord d’un camion chargé de sacs de semoules. « Nous l’avions ouvert, nous y avions mis des armes avant de nous diriger vers le quartier de Gambetta. Hélas, ce jour nous avions été suivis et c’est au cours de cette journée que Ould Ali, est tombé au champ d’honneur. Après s’être accroché avec les militaires, nous sommes enfuis vers le quartier d’El Hamri ».
Le jour de l’arrestation du Moudjahid Ben Ayad Kadour, après une opération de fidai
Le 14 juillet 1957, alors que le colonisateur français célébrait sa fête nationale, munis de courage et de témérité Ben Ayad Kadour et son compagnon entrent dans un bar situé à Carteau, et jettent des grenades : « Mon compagnon les a mitraillé mais ce jour nous avions été arrêtés. Ils m’ont violemment cassé la jambe gauche, puis ils m’ont torturé, avant de me condamner à mort à la prison « El Kasba » d’Oran. Ils tentaient à chaque fois de chaque fois de m’intimider, vu que je n’avais que 17 ans, et je me souviens qu’après mon arrestation, ils ont arrêté un autre groupe ». L’époque a vu les procès des moudjahidines Ben Adad Mohamed et Ben Ayad Kadour, des procès qui avaient duré trois ans et un mois à l’issue desquels, le moudjahid fut condamné à mort.
Le moudjahid Ben Ayad, se souvient encore du jour de l’exécution de Chrit Ali Chrif, en disant « J’étais avec lui en prison ainsi qu’avec le Chahid Chaaban Salmani. Ils sont venus à eux et leur ont dit que la grâce leur a été refusée. Le martyr Ali Chrif m’a remis des photos de famille de ses filles, pour que je les confie à Fattah Abdellah, pour qu’à son tour, il les remet à son épouse…. À 04 heures du matin, ils les ont emmenés sous les acclamations des « Allah Akbar ». » Le moudjahid Ben Ayad kaddur demeure en prison pendant trois ans et un mois, parallèlement, les accords d’Evian se déroulaient. Sous condition sa peine capitale fut commuée en perpétuité. Toutefois d’autres ont été exécutés s’agissant selon notre interlocuteur de 52 martyrs qui ont été décapités à Oran et 14 autres qui ont été exécutés à Kanastel.
52 martyrs ont été décapités à Oran et 14 autres ont été exécutés à Canastel

Parmi les photos et archives documentaires commémorant le parcours du combattant, se trouvait l’unique photo prise du président de l’Association des anciens condamnés à mort Ben Ayad Kadour, avec un groupe de condamnés à mort. Une photo autre photos résume aussi, son parcours après la lutte révolutionnaire, et où le héros figurait parmi les fondateurs en 1991, de l’Association des anciens combattants du couloir de la mort, avec Arif Abdelaoui de Constantine et l’ex ministre de l’Intérieur Abderrahman Mezian Chrif, qui était le président de l’Association des anciens combattants condamnés à mort. Figure également sur la photo le défunt président Mohamed Boudiaf, ainsi que khlifa Bounaka, également condamné à mort à Oran. Une photo de la carte de membre indiquant que le 18 juillet 1957, le tribunal militaire a condamné Ben Ayad Kadour à mort. En dépit du poids des ans et de la fatigue, le père moudjahid Ben Ayad Kadour a profité de notre présence pour adresser un message aux jeunes en disant : « L’indépendance n’est pas venue du néant…mais des hommes qui se sont sacrifiés pour préserver le pays… vous les fils et digne successeurs, ne négligez pas ce trésor de la vie qui est l’Algérie. Nous remercions les autorités sécuritaires et le Président de la République pour leurs efforts ». Le héros a appelé les jeunes à soutenir le président dans ses efforts pour la concrétisation de l’Algérie nouvelle forte de son passé révolutionnaire, la patrie a été libérée par des héros et les hommes.

Le directeur des Moudjahidines rend hommage à Ben Ayad Kadour, au nom du ministre des Moudjahidines

Notre visite au moudjahid Ben Ayad Kadour, a coïncidé avec la présence du directeur par intérim des moudjahidines, Moukhtar Seddiki, représentant le ministre Laid Rebiga venue rendre hommage au Moudjahid, en exécution des instructions du ministre des moudjahidines et des ayants droit pour assurer la meilleure prise en charge des moudjahidines. Selon le Directeur, il s’agit de la deuxième visite, après avoir souffert d’un malaise qui a nécessité son transfert à l’hôpital militaire pour un traitement, et où le président de l’Association des anciens combattants condamnés à mort a subit des examens approfondis, qui ont montré qu’il avait actuellement de la difficulté à marcher et est actuellement sous observation à l’hôpital militaire.