Wassila. B
Le lancement par la Commission européenne (CE) d’une procédure de règlement des litiges avec l’Algérie intervient dans un contexte marqué par la volonté d’Alger de réviser l’accord d’association déséquilibré. L’Algérie a maintes fois réitéré son intention de réviser l’accord d’association signé, en 2002, avec l’Union européenne et entré en vigueur en 2005. Le caractère déséquilibré pour l’Algérie de l’accord, entré en vigueur en 2005, avait été maintes fois dénoncé par les économistes algériens. Depuis 2005, pas moins de 14 milliards de dollars ont manqué en droits de douane, selon le professeur d’économie Brahimi Guendouzi, cité par le quotidien El Moudjahid du 26 juin. Ce manque à gagner s’ajoute aux pertes indirectes de l’Algérie qui n’a reçu aucune contrepartie pour son développement économique. La contrepartie, qui devait être l’investissement productif et le transfert de technologie, seule voie pour créer la “prospérité partagée”, n’ont jamais été au rendez-vous. L’UE étant le premier fournisseur de l’Algérie avec 60% des échanges commerciaux, le démantèlement tarifaire total prévu par cet accord a des effets néfastes sur l’économie algérienne. Depuis janvier 2020, tous les produits issus des pays de l’Union européenne importés en Algérie sont totalement exonérés des droits de douane. Avec l’entrée en vigueur d’une zone de libre-échange, les caisses de l’Etat algérien subissent un injuste manque à gagner et l’industrie locale est fortement pénalisée par la suppression des droits de douane sur les importations en provenance de l’Europe. « L’Algérie est un pays souverain, qui n’a pas de dette extérieure et ne tolère point de diktat », a répondu le ministre algérien du Commerce Tayeb Zitoun. Sur fond de déséquilibre commercial, l’accord de libre-échange a fortement contribué à mettre en difficulté des entreprises algériennes. En l’absence de tout protectionnisme, le marché algérien est inéquitablement ouvert à la concurrence européenne. Les engagements écrits de l’EU de faire profiter l’Algérie de transferts de technologies ne sont qu’un mirage. Le transfert effectif de savoir-faire doit être au cœur des futures négociations lors de la révision de l’accord d’association. L’Algérie veut un contrat sur la base de critères lui permettant d’acquérir un transfert de technologie de l’étranger. L’idée phare consiste dès lors à développer une stratégie d’importation des technologies nécessaires pour se moderniser graduellement et le plus rapidement possible. Pour moderniser les entreprises algériennes, les ressources financières du pays doivent être utilisées pour acquérir puis absorber des technologies avancées pour ensuite innover. L’accord d’association doit par exemple servir de passerelle efficace et favoriser la conclusion de partenariats avec des hautes écoles et institutions publiques de recherche européennes. L’Algérie a d’énormes gisements de ressources naturelles et dispose donc d’une bonne marge manœuvre de négociations avec ses partenaires pas seulement européens lui permettant d’acquérir les brevets transférables des laboratoires de recherche étrangers vers des applications industrielles algériennes. Les mesures protectionnistes ne doivent être démantelées que si le pays profiterait d’un transfert de technologie.