Wassila. B
Lors de son entrevue périodique avec les médias, diffusée samedi soir sur les chaînes de télévision et de radio nationales, le président Tebboune a évoqué plusieurs sujets d’actualité, réitérant ses engagements pour une Algérie nouvelle, forte et solidaire. Le président de la République a d’abord rappelé son engagement à maintenir le caractère social de l’État et à réaliser davantage d’acquis, notamment au profit des jeunes, qui sont « l’essence même du pays », et ce, « par fidélité aux chouhada de la Révolution de libération et à la Déclaration du 1er Novembre ». Le président a réitéré son engagement à poursuivre l’augmentation progressive des salaires et de l’allocation chômage, saluant le sens élevé du patriotisme chez la jeune génération qui est « fière de son pays ». « La valorisation des salaires se poursuivra en fonction de la situation économique du pays et dans des proportions raisonnables, sans déséquilibrer le budget de l’Etat », a-t-il précisé. « Nous vivons aujourd’hui dans une Algérie nouvelle. Le mérite ne revient pas seulement au président de la République ou au Gouvernement, mais aussi à toutes les Algériennes et à tous les Algériens », a-t-il indiqué.
Le président a par ailleurs affirmé que l’Algérie a réalisé de grands progrès en matière de sécurité alimentaire et hydrique, grâce à l’augmentation de la production agricole, notamment dans les cultures stratégiques, parallèlement à la mise en œuvre d’un programme ambitieux pour la réalisation d’usines de dessalement de l’eau de mer. Le président a précisé que l’Algérie atteindra l’autosuffisance dans plusieurs produits, notamment le blé dur où, a-t-il dit, « l’autosuffisance sera totale en 2025 ». « La production agricole nationale est désormais demandée”, en termes de quantité et de qualité, a fait savoir le président de la République, ajoutant que les pouvoirs publics comptaient également atteindre l’autosuffisance dans la filière laitière « d’ici deux ans », grâce à un grand projet d’investissement à Adrar en partenariat avec des investisseurs qataris pour l’élevage bovin et la production de produits laitiers. Le président de la République a, par ailleurs, salué les progrès réalisés en matière d’exportation grâce à la qualité du produit local, notamment l’exportation des produits agricoles, et ce, suite à « la débureaucratisation du secteur agricole et au recours à des techniques agricoles avancées grâce aux efforts des agriculteurs ». Á propos de l’élevage, le président a souligné la nécessité d’adopter « une stratégie globale ». On s’est entendu avec l’UNPA pour « trouver une solution définitive aux problèmes enregistrés » dans cette filière. Parmi les solutions appliquées, l’autorisation d’importation de bétail de pays africains comme le Mali et le Niger dans le cadre du troc, a précisé le président de la République, soulignant que les pouvoirs publics mettront en place des « lois strictes » pour réprimer toutes les pratiques visant à porter atteinte à la richesse animale et à la sécurité alimentaire, notamment le phénomène de l’abattage d’agnelles. L’éleveur doit faire prévaloir l’intérêt du pays, a-t-il dit, précisant qu’« on ne peut pas vendre un mouton à 17 millions de centimes » alors que l’Algérie recèle une grande richesse animale, notamment les moutons. Le président de la République a par ailleurs rappelé les efforts de l’État pour lutter contre la spéculation.
Plus de 11.000 projets d’investissement
Par ailleurs, le président de la République a indiqué que l’économie nationale devrait connaître un essor significatif avec l’entrée en production de plus de 11.000 projets d’investissement, faisant état de la récente autorisation de l’importation des pièces de rechange automobiles dans « des limites raisonnables ». A une question sur l’exploitation de l’uranium, le président de la République a souligné que l’Algérie procède actuellement à « l’enrichissement de l’uranium à hauteur de 3 à 5 % à des fins civiles, particulièrement dans le secteur médical, avec la possibilité de l’exporter ultérieurement », précisant que les réserves de l’Algérie « ne sont pas comme celles du Niger et nous demeurons ouverts à des partenaires étrangers sérieux ».
A une question sur le projet du gazoduc transsaharien, le président a affirmé l’ambition de l’Algérie de « doubler sa production de gaz naturel dans les cinq prochaines années », soulignant que l’Algérie est devenue « un fournisseur très fiable », notamment pour le marché européen. Et d’ajouter que les efforts sont en cours en vue de réaliser un « troisième gazoduc entre l’Algérie et l’Italie vers l’Allemagne, pour exporter l’hydrogène et l’électricité conventionnelle et non conventionnelle », insistant sur l’importance de diversifier la production nationale d’hydrocarbures, tout en rappelant la profondeur et la qualité des relations historiques entre l’Algérie et l’Italie, lesquelles se démarquent par leur « l’efficacité ». Il a, à cet égard, salué les investissements italiens en Algérie, notamment dans le domaine du montage automobile, qui va permettre de passer à une véritable industrie basée sur l’augmentation du taux d’intégration nationale, outre l’investissement dans le domaine agricole, annonçant l’ouverture prochaine, par le Plan Enrico Mattei, ami de la révolution algérienne, de son siège en Algérie. Le président de la République s’est également dit satisfait quant au retour à la normale des relations entre l’Algérie et l’Espagne, notamment sur le plan commercial, « après avoir connu un coup de froid », expliquant que l’Algérie importera de ce pays une partie de ses besoins en ovins en prévision de l’Aïd El-Adha ».
Dialogue politique inclusif
Sur le plan politique, le président de la République a également réaffirmé son engagement à ouvrir un dialogue national fin 2025 ou début 2026, souhaitant que ce dialogue profite au pays. Le président de la République a, par ailleurs, affirmé que l’Etat sanctionnera quiconque touche à la stabilité du pays, à l’unité nationale et aux valeurs de la société algérienne sous couvert de « liberté d’expression ». Il a précisé que « la liberté d’expression par la critique n’a jamais été interdite en Algérie, mais cela n’autorise pas de porter atteinte aux traditions et à la culture authentique de notre société », affirmant le rejet catégorique de tout ce qui est susceptible de toucher aux spécificités des différentes régions du pays et à l’unité nationale ». En ce qui concerne les critiques adressées à l’Algérie sur la question de la liberté d’expression, le président Tebboune a expliqué que ces critiques visaient principalement à « déstabiliser le pays », soutenant que « quiconque emprunte cette voie est un agent et fait partie de la cinquième colonne ». L’Algérie « n’est pas un Etat totalitaire » comme certains tentent de le faire accroire sous couvert de “liberté d’expression », a martelé le président de la République, poursuivant que la société algérienne a « ses spécificités qu’il faut respecter ». Le chef de l’État s’est interrogé sur le deux poids deux mesures appliqué à la notion de liberté d’expression, en référence aux journalistes suspendus en France pour avoir parlé de la situation en Palestine. « C’est ce qu’ils essaient de faire avec nous, mais ils ne nous feront pas taire », a-t-il assuré.
Un contentieux créé de toutes pièces !
Concernant les relations algéro-françaises, le président de la République a affirmé que le contentieux entre l’Algérie et la France « a été créé de toutes pièces ». « On garde comme unique point de repère, le Président Macron. Nous travaillons ensemble. Tous les problèmes doivent se régler soit avec lui ou avec la personne qu’il délègue, en l’occurrence son ministre des Affaires étrangères, à juste titre », a-t-il dit. « Le dossier est entre les mains de quelqu’un de très compétent qui a toute ma confiance, en l’occurrence le ministre des Affaires étrangères, M. Ahmed Attaf », a poursuivi le président. Et d’indiquer que l’Algérie et la France « sont deux États indépendants : une puissance africaine et une puissance européenne et deux Présidents travaillant ensemble. Tout le reste ne nous concerne pas », a-t-il affirmé. Au sujet des visites des officiels français dans les territoires sahraouis occupés, il a fait remarquer que ces visites « ne sont pas une provocation ». « Le jour où je comprendrai, j’expliquerai. Nous ne sommes pas dupes. Nous savons que l’histoire de l’autonomie est française avant qu’elle ne soit défendue par nos voisins de l’Ouest. La France et le Maroc s’entendent bien et cela ne nous dérange pas. Cette manière ostentatoire pose un problème. Elle dérange l’ONU et la légalité internationale », a-t-il souligné. Par ailleurs, le président a relevé que « la France officielle a reconnu l’assassinat de Ben M’hidi. L’histoire nous la connaissons. On ne refait pas l’histoire. Cela nous ramène à la question de la mémoire ». « Quand on met la poussière sous le tapis, cela devient irrespirable (pour la France). Cela nous renvoie à la liberté d’expression », note le président de la République, citant Jean-Michel Apathie, les « Dreyfusards » et les OQTF (dont celui qui a dénoncé le génocide à Ghaza). « Pour eux (les Français), la liberté est je dis ce que je veux et tu te la fermes: On ne se la ferme pas », a-t-il martelé, ajoutant qu’il « faut savoir raison garder. Il y a des Français qui nous aiment et qui nous ont aidés ». « Il y a des journalistes français honnêtes et courageux qui disent la vérité. On a beaucoup d’amis en France comme Audin, Maillot, Sartre, de Beauvoir, Simone Veil, Gisèle Halimi », a encore indiqué le président.