M. Djamila 

À l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, la professeure Ibtissem Raïs Ali, enseignante au département des sciences de l’information et de la communication à l’Université Oran 1 et directrice du laboratoire de recherche SIGMA, a appelé à une refonte en profondeur de la formation dans les facultés de journalisme, en insistant sur la nécessité de former d’abord les formateurs pour accompagner les mutations numériques que connaît le secteur.

Dans une déclaration accordée à Cap Dz, elle a souligné que le développement des programmes pédagogiques ne saurait être envisagé sans un investissement préalable dans la qualification du corps enseignant. « Parler de numérisation des cursus ou d’intégration de technologies émergentes, telles que l’intelligence artificielle, implique en premier lieu une formation approfondie des enseignants chargés de transmettre ces savoirs », a-t-elle expliqué.

Selon elle, les étudiants ne peuvent bénéficier pleinement des outils technologiques que si leurs enseignants en maîtrisent à la fois les aspects techniques et les implications éthiques. L’intelligence artificielle, désormais omniprésente dans le domaine médiatique — du montage à l’édition en passant par l’analyse des données — exige une compréhension fine de ses usages ainsi qu’une conscience critique de ses impacts sur les pratiques professionnelles.

Elle a par ailleurs mis en garde contre l’illusion de la neutralité technologique, rappelant que ces outils ne sont pas exempts de biais et peuvent affecter les fondements éthiques de la profession si leur utilisation n’est pas encadrée. C’est pourquoi, selon elle, l’enseignement de l’éthique doit être intégré à toute formation journalistique incluant le recours à l’intelligence artificielle.

Pr. Raïs Ali s’est également félicitée des initiatives gouvernementales visant à introduire l’intelligence artificielle dans les cursus universitaires, tout en exprimant ses réserves face à une approche purement théorique. « Ajouter des modules ne suffit pas si les enseignants ne sont pas suffisamment formés pour les dispenser », a-t-elle averti.

Pour elle, le véritable point de départ d’un enseignement de qualité ne réside pas uniquement dans l’encadrement des étudiants, mais bien dans la compétence des enseignants, considérés comme les architectes du contenu académique et les guides du futur paysage médiatique. « Sans investissement dans les formateurs, toute tentative de modernisation pédagogique restera limitée », a-t-elle conclu.

Face aux bouleversements numériques, Pr. Raïs Ali appelle donc à construire une base académique solide, fondée sur une stratégie claire et un encadrement scientifique rigoureux, condition indispensable selon elle pour préparer une génération de journalistes aptes à relever les défis de leur temps.