Wassila. B 

Dans un communiqué publié, hier, le ministère algérien des Affaires étrangères a exprimé une « vive préoccupation et un profond regret » face aux frappes américaines contre des installations nucléaires iraniennes, survenues dans la nuit du 21 au 22 juin. Alger dénonce une violation du « consensus international » pour la paix et appelle à un retour urgent à la voie diplomatique, seule solution selon elle capable « d’épargner à la région davantage de tensions et de tragédies ».  Le communiqué souligne un paradoxe majeur : alors que la communauté internationale cherche à apaiser les tensions au Moyen-Orient, les frappes américaines, intervenues après une agression israélienne contre l’Iran, ont précipité une « escalade d’une extrême gravité ». L’Algérie rappelle que ce consensus mondial exigeait pourtant un cessez-le-feu immédiat, un retour à la table des négociations et une solution pacifique au dossier nucléaire iranien.   Pour Alger, cette opération militaire « aggrave la situation et expose la région à des risques sans précédent aux conséquences imprévisibles », notamment en raison de la sensibilité géopolitique et des antécédents historiques démontrant l’ « échec des options militaires ».  Le ministère insiste sur un enseignement clé : « Les voies militaires n’ont jamais permis de résoudre les problèmes » au Moyen-Orient. Cette analyse s’appuie sur des décennies de conflits ayant exacerbé l’instabilité sans régler les causes profondes des crises. Cette position est renforcée par les déclarations du ministre Ahmed Attaf lors de la 51e session du Conseil de l’OCI à Istanbul. Il a dénoncé une « logique de force effrénée » et fustigé » le droit de l’agresseur à se défendre contre l’agressé », en référence aux frappes israéliennes préalables. Attaf a aussi rappelé que la question palestinienne reste centrale à toute paix durable : « Il est impératif de mettre fin à l’occupation et d’accélérer la création d’un État palestinien indépendant ».

Face à l’urgence, l’Algérie défend une alternative précise : une « approche politique pacifique, fondée sur les principes du droit international et la Charte des Nations Unies ». Cette solution, qualifiée de « plus efficace et moins coûteuse », implique le respect strict de la souveraineté des États, la reprise des négociations sur le nucléaire iranien et un rôle accru de l’ONU pour éviter l’unilatéralisme. L’Iran rapporte plus de 400 morts et 3 056 blessés lors des frappes israéliennes antérieures.  Téhéran promet désormais de se défendre « par tous les moyens nécessaires ». Le Pakistan, l’Italie, l’UE et l’ONU dénoncent une escalade « dangereuse ». Antonio Guterres alerte sur un conflit qui pourrait « échapper à tout contrôle ». L’Algérie est ainsi une voix de la désescalade dans un brasier régional. Dans un Moyen-Orient au bord de l’embrasement généralisé, l’Algérie s’érige en gardienne de la légitimité internationale. Son appel à la retenue n’est pas isolé, mais son insistance sur les « leçons de l’histoire » rappelle une évidence : ni l’Iran ni Israël ne sortiront vainqueurs d’une guerre ouverte. Comme le résume le communiqué algérien, la priorité absolue reste d’ « épargner à la région davantage de tensions et de tragédies ». La balle est désormais dans le camp des grandes puissances, sommées de choisir entre la surenchère militaire et la table des négociations.