S Hadjar 

 

Sous les radars des services de sécurité depuis plusieurs semaines, une filière criminelle spécialisée dans le trafic de véhicules introduits illégalement depuis la Libye a été mise hors d’état de nuire à Oran. Une opération coup de poing menée par la Sous-direction régionale de lutte contre le crime organisé (SRLCO-Ouest) a permis d’arrêter cinq suspects et de saisir huit voitures impliquées dans ce vaste réseau.

L’enquête, déclenchée à la suite de plusieurs signalements concernant des véhicules d’origine étrangère aux documents douteux, a révélé une mécanique bien rodée. Le réseau opérait selon un schéma transfrontalier : des voitures introduites frauduleusement via les frontières sud étaient maquillées, puis revendues à travers le territoire national. Leur traçabilité était volontairement brouillée à chaque étape.

Pour cela, les faussaires ne lésinaient pas sur les moyens. Numéros de série modifiés au laser, châssis retravaillés, certificats d’immatriculation falsifiés : les véhicules étaient métamorphosés pour échapper aux contrôles. Ils étaient ensuite immatriculés dans plusieurs communes éloignées les unes des autres, dans différentes wilayas, avant d’être remis en circulation sur le marché noir.

La filière s’était spécialisée dans la dissimulation, à la fois administrative et géographique. Les voitures passaient de main en main, parfois à travers trois ou quatre wilayas, rendant l’enquête particulièrement délicate. Mais les limiers de la SRLCO ont fini par remonter la piste, jusqu’à interpeller les membres présumés du réseau, âgés de 35 à 52 ans.

Le parquet de Fellaoucen, saisi de l’affaire, a engagé des poursuites pour une série d’infractions graves : trafic international de véhicules, blanchiment d’argent, faux et usage de faux, création et gestion d’une organisation criminelle transnationale, ainsi que non-respect des formalités douanières relatives à l’importation de moyens de transport.

Parmi les véhicules saisis figurent deux voitures utilisées directement pour les activités du réseau. D’autres présentaient de sérieuses anomalies dans leur structure ou leurs papiers. Des outils techniques de falsification ont également été confisqués, confirmant le degré de sophistication du réseau.

Cette affaire relance la question de la nécessité de renforcer les contrôles des frontières face aux trafics organisés et à l’ingéniosité des filières criminelles. Elle met également en lumière les risques pour les citoyens d’acquérir, parfois sans le savoir, un véhicule impliqué dans un trafic international. Les services de sécurité appellent à la vigilance lors de l’achat de véhicules d’occasion et rappellent que tout manquement aux formalités douanières constitue une infraction pénale.

Par cette opération, les autorités entendent envoyer un message clair : les réseaux qui ne reculent devant rien pour menacer la sécurité économique nationale ne resteront pas impunis.