R.C
Le ksar El-Mizane Tighourift figure parmi les plus importants sites archéologiques et touristiques de la région de Djanet, aux côtés des célèbres ksour d’Adjahil et de Zelouaz. Ce site ancien, riche en histoire et en symboles, attire l’intérêt des chercheurs et des visiteurs en quête d’authenticité et de patrimoine.
Deux récits expliquent l’origine de son nom. L’un le lie à sa position stratégique entre les ksour d’Adjahil et Zelouaz, évoquant l’image d’une balance assurant l’équilibre entre les deux. L’autre fait référence à la première habitation — ou “Ghourfa” — construite par Ghabedou Benzaid Benamar, ancêtre des habitants du ksar, dont le diminutif “Tighourift” aurait donné son nom à l’ensemble du site.
Édifié il y a près de neuf siècles, ce ksar couvre une superficie de plus de 78 hectares. Il se distingue par une architecture pyramidale atypique, avec une disposition en terrasses depuis le sommet — marqué par la première maison — jusqu’à la base élargie, où les habitations sont accolées avec harmonie. Ce style exprime à la fois la cohésion sociale des anciens habitants et leur maîtrise des techniques d’adaptation à l’environnement.
Trois portes permettent d’accéder au ksar : “Imzi N’Sidi” à l’ouest, “Temalghet” au nord, et “Tin-Tougueth” à l’est. Ces appellations reflètent à la fois la localisation et la mémoire des figures marquantes de l’époque. Le tissu urbain est structuré autour de ruelles appelées “Igheldane”, reliant habitations, places publiques, lieux de culte et palmeraies voisines.
Les maisons sont conçues pour répondre aux besoins des familles : entrée principale, plusieurs chambres, cour intérieure, cuisine équipée d’une meule traditionnelle (“Tawount”) et terrasse accessible par un échafaud en bois, utilisée notamment pour sécher les dattes, ressource économique majeure à l’époque.
Construit avec des matériaux locaux — pierre dure, argile, troncs et palmes de palmier — le ksar allie robustesse et isolation naturelle. Ce mode de construction durable suscite l’admiration des visiteurs et fait de ce site une étape incontournable pour les tour-opérateurs.
Dans le prolongement du ksar, la palmeraie d’Iferdjane constitue une source vitale de subsistance, offrant des produits agricoles et des matières premières pour l’artisanat local.
Face aux risques de dégradation, les autorités locales, en coordination avec l’Office du parc culturel du Tassili N’Ajjer, multiplient les initiatives pour préserver ce patrimoine. Parmi les propositions : des travaux d’entretien utilisant des techniques traditionnelles, l’ouverture de postes de surveillance, des campagnes de sensibilisation, l’organisation d’événements culturels, ainsi que la publication d’ouvrages valorisant ce patrimoine.
El-Mizane Tighourift se positionne ainsi comme un repère culturel, un témoignage vivant de l’ingéniosité architecturale et du génie social des populations du Sud algérien.