Le vrai visage hideux de Macron

93

Wassila. B

Après avoir tenu durant longtemps une attitude hypocrite, le président Macron sort des bois et assume pleinement son alignement avec la position haineuse contre l’Algérie. La messe est dite par un piètre président français qui montre enfin son vrai visage belliqueux. En décidant de suspendre l’accord de 2013 exemptant les détenteurs de passeports diplomatiques algériens de visa, Emmanuel Macron a franchi un nouveau cap dans l’escalade contre Alger. La lettre adressée à son Premier ministre François Bayrou, exigeant « plus de fermeté et de détermination » vis-à-vis de l’Algérie, ainsi que les instructions données à son ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau de s’appuyer sur la loi immigration pour refuser les visas de court séjour aux détenteurs de passeports de service et diplomatiques, tout comme les visas de long séjour à tous types de demandeurs, marquent une rupture diplomatique assumée. Le message voulu par l’Élysée est d’afficher une fausse image d’« une France inflexible et moralement irréprochable face à un partenaire accusé de manquements ». Le problème, c’est que cette narration relève moins de la vérité que de la propagande mensongère. En réalité, c’est Paris qui, depuis plusieurs années, piétine méthodiquement les cadres juridiques censés régir la relation bilatérale. C’est le cas de l’accord algéro-français de 1968 sur la circulation et le séjour des ressortissants algériens, maintes fois vidé de sa substance. La convention consulaire de 1974 est rabaissée à un texte de pure forme. L’accord de 2013 sur l’exemption de visas diplomatiques est suspendu unilatéralement, sans même le minimum de concertation qu’exige la pratique diplomatique. Pire encore : la France s’accroche obsessionnellement à l’accord de 1994 sur la réadmission des Algériens en situation irrégulière, qu’elle a instrumentalisé bien au-delà de son objet initial. Le tout, en oubliant commodément que la Convention européenne des droits de l’homme que Paris a ratifiée protège aussi ces mêmes ressortissants contre les expulsions arbitraires et garantit leur droit au recours. Cette séquence n’est pas une simple divergence sur des chiffres ou des procédures : elle traduit une stratégie d’escalade claire. Le pouvoir français, fragilisé sur le front intérieur, cherche dans le dossier migratoire une posture de « fermeté » facile à brandir. L’Algérie, partenaire historique mais aussi cible, sert alors de réceptacle aux discours sur « le respect des obligations ». Un renversement accusatoire qui permet à Paris de masquer ses propres manquements. Car il faut le dire : depuis des années, des ressortissants algériens sont expulsés ou refoulés en violation des procédures, privés de recours effectifs, tandis que la protection consulaire de leur pays est délibérément entravée. Ces pratiques ne relèvent pas d’un simple excès bureaucratique ; elles traduisent une volonté assumée de rogner les droits des algériens. En habillant cette politique d’un faux vernis juridique, l’Élysée espère imposer un récit mensonger où la France serait la gardienne scrupuleuse des accords, et l’Algérie « la partie défaillante ». Or, l’histoire récente comme les textes en vigueur disent tout le contraire.